samedi 11 janvier 2014

Sarah Cohen-Scali : Max

Max

"19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !"Max est le prototype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde de purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinée à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupée par le Reich.


MON AVIS :



Lecture coup de poing.

Un an que ce livre est dans ma PAL... Je regrette de ne pas l'avoir sorti avant. Mais je ne regrette pas de me l'être procurer. Je ne peux pas dire que j'ai adoré cette lecture, les sujets qu'elle aborde sont beaucoup trop difficiles. Pourtant, j'ai eu du mal à ne pas tout lire d'une traite. Je m'explique.

Max, c'est l'histoire d'un bébé qui devient ensuite petit garçon. Max, c'est son surnom. Son autre surnom c'est Tête-de-mort. Son vrai nom, autrement dit son nom de baptême : Konrad. Cette histoire, c'est lui qui la raconte. Il est dur dans ses propos, il est convaincu par ce qu'il raconte. Comment pourrait-il en être autrement alors que c'est ainsi qu'il a été éduqué et même conçu ? Max est le premier enfant du programme Lebensborn instauré par Himmler en 1933. Sa mère a été sélectionnée selon des critères physiques 'aryens' et a du « s'accoupler » avec un soldat SS. Puis, symboliquement, elle a du donner son bébé au Führer Hitler et partir. Alors, Max a été suivi par le Docteur Ebner : il a du participer à des programmes d'enlèvements d'enfants, il a été mis dans les Napola, école de Jeunesses Hitlériennes... Son histoire bien que fictive s'inspire de faits réels : ce programme a réellement existé, le docteur Ebner aussi.

La Seconde Guerre Mondiale est vue et revue à l'école, du moins dans les programmes français. Le génocide juif, les capitulations françaises, la propagande allemande, la défaite allemande en Russie etc : tout le monde connait ces faits historiques. Ici, ils sont évoqués mais peu développés. L'auteur s'est penchée sur le programme Lebensborn et les écoles destinées à former des soldats, écoles avec des enfants entre 5 et 16 ans sélectionnés selon des critères de race. Je connaissais de nom ce type d'écoles mais pourtant je n'ai jamais entendu parler de la teneur des programmes de ces écoles. Je trouve que ça mériterait d'être autant abordé que les camps de concentration. Le crime n'est pas le même mais il est là. Ces enfants ont été enlevés à leur famille, entraînés comme des soldats, déportés s'ils ne correspondaient pas aux critères...

Dans cet ouvrage, nous observons ces opérations allemandes par les yeux de Konrad. Konrad ne sait pas ce qu'est l'amour d'une mère. Il a rayé le mot « maman » de son vocabulaire. Sa mère c'est l'Allemagne et son père Hitler. Il ne sait pas non plus ce que c'est que l'amour, il n'a jamais été chouchouté, câliné. Il a un caractère très fort pour un enfant de son âge. Comme tout enfant, il est naïf et il apprend des adultes qui l'entourent. Depuis qu'il est bébé, il subit un vrai bourrage de crâne et nous, lecteurs, nous sommes effarés face à une telle force de conviction de la part de Konrad et face à ces horreurs proférés par les adultes. A plusieurs reprises, j'ai été choquée des actions décrites, des paroles tenues par Konrad. J'ai été émue face à ses moments de désarroi et de questionnements lorsqu'il devient assez grand pour commencer à se poser des questions.

Konrad fait la connaissance de Lukas, un autre garçon de 13 ans au moment de leur première rencontre. Ce personnage (inspiré d'un jeune garçon réel ayant vécu à peu près la même chose) m'a beaucoup touchée. Lui et Konrad forment une équipe particulière et finissent par se protéger l'un l'autre comme des frères. Ils créent un lien très puissant alors que tout les oppose. Lukas est celui qui permet à Konrad de se remettre en question mais aussi de remettre en question le régime allemand. Lukas est très lucide et très intelligent. Pourtant, il souffre énormément et son histoire personnelle est celle de millions d'autres personnes durant la Seconde Guerre Mondiale. Pour moi, Lukas est le point fort de ce roman.

Il n'y a pas un seul temps mort dans tout le récit. L'auteur manie la plume d'une main de maître et permet aux lecteurs de comprendre des faces plus ou moins cachées de la Seconde Guerre Mondiale. Jamais je n'aurais pu imaginer que des centaines de bébés avaient été conçus dans le seul but de créer une race pure. Bien sûr, je savais qu'Hitler désirait la domination de la race aryenne mais je ne pensais pas que ça avait pu aller jusque là. Manque de culture de ma part ? Peut-être. Mais je remercie ce livre pour m'avoir permis d'avoir au moins un aperçu de cette horreur.

Il est très difficile pour moi de réellement critiquer ce livre. J'aimerais vous en dire plus mais je préfère vous laisser lire ce roman. Il m'a touché, émue, retournée. Comme le dit la quatrième de couverture, c'est une lecture choc, remarquablement documentée, dont on ne sort pas indemne. Il n'y a pas grand-chose à ajouter. Si ce n'est qu'il faut espérer que l'homme a appris de ces deux guerres mondiales, qu'il ne refera pas ces erreurs, qu'il ne retombera pas dans cette horreur et qu'il saura un jour vivre dans la paix la plus grande et la plus belle.

Lu et chroniqué en janvier 2014 

4 commentaires:

  1. Ce livre me fait terriblement envie depuis quelques mois. Ton avis m'a convaincu, c'est décidé, je vais l'acheter ! :)

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  2. Je ne compte pas lire ce livre mais ton avis donne envie de le découvrir !

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  3. Ton avis suggère (même plus) que pour notre culture, il nous faudrait lire ce roman.
    Mais je ne le lirais pas, au vu de ton article, beaucoup trop dur pour moi :/

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  4. Il faut vraiment que je lise ce roman, encore un avis qui me donne envie !

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