dimanche 26 avril 2015

Michael Morpurgo : Le mystère de Lucy Lost


CRITIQUE REALISEE DANS LE CADRE DES CHRONIQUEURS GALLIMARD

Le mystère de Lucy Lost
Sur une île de l'archipel des Scilly, un pêcheur et son fils découvrent une jeune fille blessée et hagarde, à moitié morte de faim et de soif. Elle ne parvient à prononcer qu'un seul mot : Lucy. D'où vient-elle ? Est-elle une sirène ou plutôt, comme le laisse entendre la rumeur, une espionne au service des allemands ?

De l'autre côté de l'Atlantique, le Lusitania, l'un des plus rapides et splendides paquebots de son temps, quitte le port de New-York. A son bord, la jeune Merry, accompagnée de sa mère, s'apprête à rejoindre son père blessé sur le front et hospitalisé en Angleterre...

L'histoire tragique du Lusitania, le "Titanic anglais", torpillé par les allemands en mai 1915.

MON AVIS :
Tout d’abord, un grand merci aux Editions Gallimard Jeunesse pour l’envoi de ce roman. Il est toujours très agréable d’avoir leur confiance.
Ce roman, dès sa réception, m’a énormément attiré : une jeune fille a été retrouvée blessée et amnésique par des habitants de l’archipel Scilly, au large de la Grande-Bretagne. De l’autre, nous avons Merry qui embarque sur le bateau le Lusitania. Pour moi, cela annonçait un très grand mystère et je m’apprêtais à rentrer dans une quête haletante, mystérieuse et tragique. Sur les trois adjectifs proposés, j’ai seulement retrouvé le côté tragique.
Le roman commence par un mot de l’auteur : il explique très rapidement et très simplement pourquoi il a écrit ce roman. Il se base sur le mystère du Lusitania et d’une certaine petite fille. C’est donc très prometteur. Dès les premières pages du roman à proprement parlé, nous sommes plongés dans l’histoire de Lucy. Très intriguée dans un premier temps, mon enthousiasme est vite retombé.
Tout d’abord, l’arrivée de Lucy sur l’île est très intéressante. La famille Wheatcroft, composée d’Alfie, Mary,  Jim et de l’oncle Billy, prend soin d’elle avec l’aide du docteur Crow. On voit ainsi les progrès de la jeune fille au sein de cette société qu’elle ne connaît pas, on apprend à la connaître petit à petit malgré son amnésie. Toute la famille est aux petits soins. Pourtant, cela devient très vite redondant. C’est lent, très lent. En plus, l’auteur se répète. Par exemple, nous assistons à un progrès prodigieux de Lucy : tout nous est dit en détail. Puis, le docteur arrive et nous lisons dans son journal le récit complet de ces progrès qui lui ont été racontés par la famille. Nous avons donc deux fois le même récit mais sous deux formes différentes. C’est ennuyeux et ennuyant. Les moments où mon intérêt pour ce roman remontait en flèche étaient ceux où on quittait la famille Wheatcroft et Lucy pour découvrir la petite Merry. Cette jeune fille est vive, intéressante et traverse l’Atlantique au bord du Lusitania. J’ai adoré ces passages et ils m’ont aussi énormément émue. A plusieurs reprises, j’ai eu la gorge serrée face à ses aventures tragiques. Ce sont les meilleurs passages écrits par l’auteur.
L’histoire de Merry et celle de Lucy sont liées et je l’ai très vite compris. C’est, là aussi, un petit défaut du roman. Comme nous comprenons les deux histoires avec une facilité déconcertante, toute une partie du roman devient encore plus longue et plus plate qu’au départ. Pour ma part, je n’ai trouvé aucun attrait aux progrès de Lucy pour retrouver la mémoire et la parole. Il n’y a pas vraiment de grands rebondissements et tout se résout d’un coup, d’une façon trop idéaliste. L’épilogue n’est pas surprenant mais il a le mérite d’être bien amené.
Les personnages sont plutôt attachants mais il est difficile d’avoir une réelle préférence. Pour moi, le plus charismatique est l’oncle Billy qui aime énormément le roman L’île au trésor et qu’on apprend à connaître à travers son bateau qu’il a nommé Hispaniola. Il est le personnage le plus fort du roman, il m’a beaucoup touché. Merry aussi est très touchante mais je ne sais pas si je l’aurais autant appréciée sans ses tragiques mésaventures.
En résumé : un roman qui s’annonçais prometteur mais qui m’a déçue par ses longueurs. Le thème était bien trouvé, les faits historiques étaient parfaits mais le tout n’a pas été assez bien mené selon moi. Dommage !
 
 

vendredi 17 avril 2015

Odile Weulersse : Le chevalier au bouclier vert




















Le chevalier au bouclier vert

Pour avoir sauvé des brigands la fille du comte de Blois, l'écuyer Thibaut de Sauvigny est adoubé chevalier. Amoureux de la balle, sa pauvreté ne lui permet pas de l'épouser. Mais une nouvelle menace guette : Eléonore comprend que sa propre sœur veut sa mort ! Cette fois la seule alliée des jeunes gens sera la fée Hadelize. S'ils la trouvent à temps... 

MON AVIS :

La découverte de ce roman jeunesse s’est faite il y a 10 ans, quand j’étais en classe de cinquième. Je me souviens avoir beaucoup aimé cette histoire. Les romans médiévaux, le Moyen Âge, les chevaliers… ça m’a toujours beaucoup plu. D’ailleurs, à la fac, j’ai adoré faire de l’ancien français même si ce n’était pas toujours évident. J’ai relu ce livre ce mois-ci car j’ai décidé de le donner à lire à mes propres élèves de cinquième… Visiblement, ça leur a plu !

Tout d’abord, je m’arrête sur la couverture. Comme vous avez pu le constater, j’en ai mis deux. La première est celle de ma propre édition, quand j’étais au collège. La seconde est celle que j’ai donnée à mes élèves. Il n’y a pas photo : la seconde est nettement plus jolie ! Cependant, un détail a frappé mes élèves : le chevalier, Thibaut, est dessiné avec les cheveux courts et bruns or dans le livre il est décrit comme blond aux cheveux mi-longs. Ils avaient l’air un peu déçu de cette différence. Comme quoi, la couverture est très importante même pour les plus jeunes lecteurs.

Trêve d’anecdote. Venons-en à ma relecture qui a été très rapide. Ce roman jeunesse, conseillé à partir de 10 ans,  est très facile d’accès. Les 300 pages s’enchaînent avec une facilité déconcertante pour un lecteur aguerri. Pour un plus jeune lecteur, ces pages ne seront tout de même pas un obstacle. En effet, Odile Weulersse nous entraîne dans un tourbillon d’aventures. Il est impossible de s’ennuyer et de ne pas être intrigué : que va-t-il se passer ensuite ?!

Toutes les aventures de Thibaut – notre chevalier au bouclier vert -, de son écuyer Barnabé, de son troubadour et d’Eléonore sont palpitantes. Ils ne connaissent pas une minute de répit et c’est très agréable. C’est ce que j’avais beaucoup aimé lors de ma première lecture. Aujourd’hui, cela m’a plus dérangé car j’ai trouvé que c’était trop simple, trop facile pour nos personnages. Néanmoins, pour  un plus jeune public, c’est idéal. Les actions ne traînent pas en longueur donc on n’est pas ennuyé et on  ne perd pas le fil. 

Les personnages m’ont tous beaucoup plu. A tel point que lorsque l’un d’entre eux vient à disparaître, j’ai râlé contre l’auteur. Je ne me souvenais plus de ce gros détail et j’ai trouvé cette partie de l’histoire injuste tellement j’appréciais ce personnage. Ma réaction prouve que l’auteur, même si elle vise des enfants et jeunes adolescents, réussit à captiver des adultes. Ce n’est pas donné à tout le monde !

Enfin, le style d’écriture d’Odile Weulersse y est pour beaucoup. C’est simple mais ça vous emporte. A travers ses mots et ses personnages, on découvre avec plaisir les différents codes de la chevalerie (leurs croyances, leurs vaillances, les tournois…). Certaines choses auraient mérité d’être plus utilisées et développées (la pierre de Thibaut par exemple) mais le plaisir de la lecture est là et c’est le principal !

Gauvain confirme.

mardi 14 avril 2015

Neil Gaiman : L'étrange vie de Nobody Owens





L’étrange vie de Nobody Owens

Nobody Owens est un petit garçon parfaitement normal. Ou plutôt, il serait parfaitement normal s'il n'avait pas grandi dans un cimetière, élevé par un couple de fantômes, protégé par Silas, un être étrange ni vivant ni mort, et ami intime d'une sorcière brûlée vive autrefois. Mais quelqu'un va attirer Nobody au-delà de l'enceinte protectrice du cimetière : le meurtrier qui cherche à l'éliminer depuis qu'il est bébé. Si tu savais, Nobody, comme le monde des vivants est dangereux...

MON AVIS :

Acheté sur un coup de tête il y a un peu plus d’un an, ce roman de Neil Gaiman me semblait très prometteur. La couverture est attrayante et laisse présager un univers sombre, intéressant et étrange. La quatrième de couverture termine de vous intriguer : un jeune garçon est élevé dans un cimetière, par des fantômes, après que sa famille ait été assassinée. Tous les ingrédients semblaient réunis pour m’aider à m’évader dans ce monde à travers les mots de Neil Gaiman. Au final, je n’ai pas autant voyagé que prévu.

Tout d’abord, j’ai mis du temps à dépasser les deux premières pages. On peut dire que c’est un très mauvais départ. J’ai ouvert le livre à deux reprises, avec deux semaines d’intervalle entre chaque tentative, et les deux premières pages ne me captivaient pas et j’avais un mauvais pressentiment sur la suite. A la troisième tentative, je me suis forcée à aller plus loin. Il est impossible pour moi de juger un roman et son contenu sur deux pages uniquement. Ce premier chapitre a finalement réussi à me plaire. Soulagée, je me suis prise au jeu rapidement et mon enthousiasme est retombé comme un soufflé. 

A plusieurs reprises, je me suis surprise à lire sans faire attention aux mots et aux phrases. Mon esprit était trop occupé à vagabonder ailleurs que dans les pages sur lesquelles j’essayais de me fixer. Chaque fois que je voulais abandonner, un passage du livre captait mon attention. De plus, j’avais énormément de scrupules à le laisser de côté sans terminer. Ce n’est pas dans mes habitudes.   

Le problème majeur de ce livre réside dans la trame principale. Je m’attendais à une petite enquête, à des actions permettant d’élucider l’assassinat de la famille de Bod (=Nobody). En tout et pour tout, seulement 3 chapitres y sont réellement consacrés. Résultat, quand tout nous est révélé à la fin, cela ne nous fait ni chaud ni froid. Les chapitres, en plus d’être assez longs, sont un peu comme des nouvelles qu’on aurait mises côte à côte. Elles reprennent chacune les mêmes personnages dans les mêmes lieux et avec la même ambiance mais à des moments différents de leurs vies. 

De plus, à part Silas et Bod, on ne peut pas s’attacher aux personnages. Ils sont trop superficiels et « ne font que passer ». Les parents adoptifs de Bod ne servent strictement à rien, les autres habitants du cimetière sont là pour aider Bod à un  seul moment et après disparus, remplacés par d’autres habitants… On en retrouve quelques uns au fur et à mesure mais ils m’ont paru tellement transparents (sans mauvais de jeu de mots… parce que ce sont des fantômes quoi…) que je ne me rappelais pas spécialement d’eux d’un chapitre à l’autre. Jack, le meurtrier, est surtout présent à la toute fin et je n’ai pas trouvé ses explications très crédibles. J’ai été très déçue et j’ai même pensé : « tout ça pour ça ? ».

Enfin, j’ai trouvé que l’univers proposé par Neil Gaiman pouvait être très intéressant. Mais j’ai eu l’impression de n’en voir qu’une ébauche. Les goules m’ont ennuyé, les différents « man Jack » m’ont fait froncer les sourcils, Silas et Mrs Lupescu sont des êtres particuliers mais on n’en sait pas beaucoup plus etc. C’est frustrant et décevant.

Pour résumer : j’ai cru perdre mon temps. Une déception.

C'est une perte de temps totale !

vendredi 3 avril 2015

George Orwell : La Ferme des animaux





La Ferme des animaux

Un beau jour, dans une ferme anglaise, les animaux décident de prendre le contrôle et chassent leur propriétaire. Les cochons dirigent la ferme comme une mini société et bientôt des lois sont établies proscrivant de près ou de loin tout ce qui pourrait ressembler ou faire agir les animaux comme des humains. De fil en aiguille, ce microcosme évolue jusqu'à ce qu'on puisse lire parmi les commandements : " Tous les animaux sont égaux, mais (il semble que cela ait été rajouté) il y en a qui le sont plus que d'autres. "
Le parallèle avec l'URSS est inévitable quand on lit cette fable animalière. A travers cette société, c'est une véritable critique du totalitarisme d'état que développe Orwell.

MON AVIS :

La découverte de ce livre s’est faite il y a 6 ans, lorsque j’étais en classe de première. Je me souviens avoir aimé cette lecture et la légère étude qui en avait été faite. Dorénavant professeur de français, j’ai décidé de faire étudier cette œuvre à mes élèves de troisième. Afin de me préparer au mieux, j’ai relu cette œuvre avec un immense plaisir.

George Orwell montre tout son art d’écrivain dans ce petit roman de 150 pages. Il met en scène des animaux, dans une ferme (sans blague !) mais sans tomber dans le ridicule. Il se sert de ces animaux pour faire une large critique du monde politique. C’est très caricatural mais très juste, la preuve en est que le récit résonne encore parfaitement avec notre époque actuelle. 

Chaque animal représente un membre de la société : les cochons sont les dictateurs, le cheval Malabar représente Stakhanov, le chat représente celui qui profite du système sans trop se mouiller… C’est très intéressant de découvrir chaque profil au fur et à mesure des pages. De plus, les animaux et les humains évoluent beaucoup pendant ces 150 pages. Avec l’œil avisé du lecteur, on décèle ces changements bien avant les animaux et on s’indigne de certaines évolutions.

Ce roman d’anticipation tient toutes ses promesses. Le lecteur est transporté dans un monde qui n’est pas le sien mais qui pourrait l’être (et qui l’a été, pour les plus vieux lecteurs d’entre nous…). Cette œuvre nous apprend beaucoup sur le fonctionnement des dictatures et du totalitarisme sans en avoir vraiment l’air.

Il n’est pas nécessaire d’en dire beaucoup plus. Exprimer son ressenti sur cette œuvre n’est pas chose facile. C’est un classique, qu’il faut lire et qui pourrait réconcilier beaucoup de gens avec cette « grande littérature » jugée trop souvent inaccessible. Ici, George Orwell vous emmène dans son monde avec simplicité et vous aide à vous munir d’un regard perçant sur une société corrompue où la dictature fait régner un ordre précaire et terrible.

L'histoire se termine un peu comme ça. "On m'appelle MONSIEUR Poooorc"
 J'imagine bien les cochons du roman parler comme ça. Même s'ils sont moins drôles que Pumba. Parce que, avouons le, Pumba est un héros.