mardi 26 février 2013

La littérature fantasy selon Tolkien

 
 
Cet article se base sur un cours auquel j'ai assisté dans le cadre de ma licence. Dans les lignes qui suivent, j'ai tenté de remettre au propre ma prise de notes. Si vous notez des erreurs, si vous n'êtes pas d'accord sur certains points ou autre, n'hésitez pas à m'en parler.
Le cours lui-même était basé sur la vision du conte de fées de Tolkien que l'on trouve dans le livre « Faërie ».


I – Tolkien et le conte de fées

Dans ce livre, Tolkien revient sur la notion de conte de fées. Selon lui, les contes de fées sont des récits à part entière, au même titre que les autres (récits réalistes, fantastiques etc.). Ces contes méritent autant d'attention que le roman. Un bon conte de fées a du sens, le langage et son jeu donnent à comprendre quelque chose.

Dans Bilbo le Hobbit (écrit en 1937) : Tolkien synthétise l'histoire de la langue anglaise. Il y a énormément de jeux de mots, de lieux référencés comme Rivendell (Fondcombe en français) qui rappelleraient des lieux ayant existés. Tolkien nous décrit un monde commun peuplé de nains et d'elfes.

Dans Le Seigneur des Anneaux (écrit autour de 1954) Tolkien élabore toute une mythologie. Il n'accepte pas la légende arthurienne comme étant le mythe anglais de base. Tout au long de sa vie, il retravaillera sans cesse cette mythologie pour l'appliquer aux saxons, aux peuples plus anciens. Cette histoire se situe hors du temps, hors de l'Histoire. Les créatures féériques, c'est-à-dire les elfes, les nains et même les Hobbits, quittent notre monde. C'est la fin du royaume des fées et le début du monde tel que nous le connaissons aujourd'hui : un monde où il n'y a que des hommes. Ici encore, Tolkien donne un sens à son conte de fées, celui du mythe. Le langage est donc très important pour l'écrivain car le langage est un regard sur le monde. On peut donc se demander pourquoi avoir appelé le lieu où habitent Bilbo et Frodo « Bag End » (Cul de sac).

Le conte de fées sert l'imagination : l'histoire doit être crédible et vraisemblable. L'imagination du lecteur doit rejoindre celle du créateur. Ainsi, le mythe se restreint à la société dans laquelle on le lit, dans laquelle on le trouve. De ce fait, pour Tolkien, on a tous le pouvoir mental, la possibilité mentale de créer quelque chose. Son objectif à lui était de créer quelque chose qui se tient. Il invoque même le concept de « re »création : création seconde, sur le modèle de la création divine mais au niveau humain de l'imagination.

Anecdote : Tolkien était le collègue de C.S Lewis (Le Monde de Narnia) à l'université d'Oxford. Tous les deux faisaient partie d'un club littéraire et ils s'inspiraient l'un l'autre pour leurs histoires respectives. D'où la présence des arbres magiques dans leurs fresques respectives.

L'imagination est une caractéristique du conte de fées. Mais pas seulement :
Il y a le recouvrement : c'est un regain, une vue plus claire de la réalité et de nous-mêmes. Cela nous donne un ailleurs pour confronter notre ici.
Le mythe a pour fonction de nous faire prendre conscience que tout ne nous appartient pas. Dans notre quotidien, tout est banal et on finit par ne plus voir les choses.
Pour Tolkien, Le Seigneur des Anneaux doit nous faire changer notre vision du quotidien. Il veut que l'on perçoive mieux notre propre monde. L'histoire racontée donne une perception plus élaborée du monde.

Le mythe ne nous dit pas la vérité mais la dévoile grâce à la dimension historique du langage ce qui diffère des poètes qui travaillent avec le langage actuel, le langage de leur époque. Ces écrits sont là pour nous conserver un état d'enfance qui n'est pas lié l'enfance réelle, mais à la conception de la naïveté « originelle ». Le naïf est celui qui est apte à recevoir, y compris la fantasy.

Pour Tolkien, le conte de fées est une évasion du monde. L'évasion est une fonction très importante du mythe. C'est aussi une fuite de la mortalité. Dans ce monde, la mort n'est pas une fin ultime, on y échappe. Il s'agit donc de nous consoler de notre mortalité et être consolé, c'est accepter la réalité. Tolkien invente donc la « Consolation de la Fin Heureuse » : le conte de fées se termine bien car c'est plus complexe dans le monde réel. Il faut donc une fin heureuse pour finaliser cette fonction de l'évasion. C'est une version inversée de la catharsis (Selon Aristote dans sa Poétique, la catharsis est une des fonctions de la tragédie. L'idée est que le spectacle tragique opère chez le spectateur une purification des passions). Par sa fin heureuse, le conte de fées permet donc une vision chrétienne du monde. Chez Tolkien, cette vision chrétienne ne se voit pas du premier coup d'œil. En cela, il est très différent de C.S Lewis chez qui la religion apparaît beaucoup plus clairement, de manière analogique et métaphorique : Aslan, figure emblématique, créateur même du monde de Narnia, meurt dans le livre II (et non le livre I comme le cinéma a bien voulu vous le faire croire. Le premier film du Monde de Narnia est en réalité l'adaptation du deuxième livre. Le premier raconte la création de Narnia et n'a pas été adapté.). Au lever du soleil, le lion ressuscite. Ce n'est pas sans rappeler la vie du Christ. Dans Le Monde de Narnia, C.S.Lewis décalque notre réalité (on pourrait sûrement en dire autant du monde de J.K.Rowling. Elle a créé tout un monde magique, comme C.S Lewis. Mais en parallèle, et ce, chez les deux auteurs, notre monde transparaît. Dans le monde des sorciers, le système politique, le système éducatif et la société ne sont pas si différents des systèmes et des sociétés britannique et internationale que nous connaissons.).

Dans Le Seigneur Des Anneaux, Tolkien crée tout et l'analogie comme la métaphore sont exclues de sa « recréation ». Il considère que ses mythes doivent être autonomes et bénéficier d'une « vie » propre.

Anecdote : Tolkien a repris ses textes tout au long de sa vie, il aménage sans cesse ses histoires.

II – L'héritage de Tolkien

Tolkien est donc le maître du genre. Mais de nos jours, ce genre s'est beaucoup développé et se développe encore. De nombreux exemples peuvent être cités comme la saga « L'héritage » (Eragon) de Christopher Paolini et dernièrement la saga « Game of Thrones » de George Martin (traduction française : Trône de fer. On remarque une fois de plus la capacité exceptionnelle des français à traduire les titres VO. Que ce soit en littérature ou au cinéma, j'aimerai bien connaître leur méthode de traduction... *ironie inside*).

Game of Thrones (que j'ai très envie de lire) est une saga mettant une pointe de fantastique dans un monde médiéval. George Martin renouvelle le genre (Ne me tapez pas pour le spoiler) en tuant ses personnages principaux. C'est risqué et c'est du jamais vu, surtout si cela arrive constamment et pas seulement à la fin du roman. Game Of Thrones, c'est un jeu d'échec : une pièce est prise, un personnage meurt. C'est un jeu politique. Néanmoins, nous ne sommes plus dans les grandes descriptions comme chez Tolkien. En effet, chez Tolkien, nous sommes dans le monde de la littérature avant l'image. Comme chez Balzac, pour donner à voir quelque chose, on le décrit longuement tandis que George Martin sait très bien que ses romans vont être adaptés. Et cela n'a pas manqué. La série télévisée « Game of Thrones », diffusée sur HBO aux USA a été un franc succès. (D'ailleurs la saison 3 commence le 31 mars. J'ai hâte de retrouver la famille Stark et le roi Joffrey que tout le monde déteste sauf moi.) Les descriptions de George Martin peuvent donc être vues comme des didascalies. Pour Flaubert, une belle femme est un élément romanesque, il va donc la décrire alors que de nos jours, une belle femme est la même pour tout l'inconscient collectif. Cet inconscient collectif et les images que la société actuelle véhicule (à travers les magazines, les publicités, le cinéma, la télévision) rendent les descriptions presque inutiles.

Petit à petit, la littérature céderait au cinéma mais aussi et surtout aux séries télévisées. Les séries télé seraient plus aptes à adapter les longues sagas car le format est, au final, beaucoup plus long qu'au cinéma. Mais cela reste discutable. Au cinéma, les budgets peuvent être plus élevés et on peut donc avoir une meilleure qualité pour les effets spéciaux, des décors mieux réalisés... avec moins de temps pour développer certains points. Les deux ont donc leur intérêt.

Pour ceux qui veulent en savoir plus :

Ouvrages de Vincent Ferré :
Dictionnaire Tolkien
Tolkien sur les rivages de la Terre du Milieu
Tolkien, 30 ans après
Ouvrages de Tolkien sur ses propres œuvres et son travail :
Faerie et autres textes
Lettres
Les monstres et les critiques et autres essais

dimanche 17 février 2013

J.R.R. Tolkien : Lettres du Père Noël



Lettres du Père Noël

Plus connu pour ses travaux universitaires et pour l'invention de la Terre du Milieu, J.R.R. Tolkien est aussi un formidable auteur de contes pour enfants. Comme Bilbo le Hobbit et Roverandom, les Lettres du Père Noël ont d'abord été destinées à ses trois fils et à sa fille, auxquels, chaque année entre 1920 et 1943, Tolkien a écrit une lettre (parfois deux) prétendument envoyée du pôle Nord par le père Noël ou l'Ours Polaire.
Ces trente lettres et les dessins qui les accompagnent forment un récit très prenant des aventures de l'homme en rouge et à la barbe blanche, de son ours assistant, et de leurs démêlés avec les gobelins. Un ouvrage qui plaira aux enfants, à leurs parents et surprendra plus d'un amoureux de Tolkien.

MON AVIS :

Reçu pour Noël, (merci Kevin !) je voulais le lire en décembre mais manque de temps j'ai repoussé ma lecture. Puis, fin janvier, la neige a inondé ma région et j'ai trouvé que le moment était idéal !

Je me permets d'attirer votre attention sur le livre en tant qu'objet avant de parler du contenu. Quel magnifique petit livre ! Quand j'aurais une bibliothèque digne de ce nom, je serai très fière de l'arborer sur mes étagères. La couverture est très jolie, elle reflète vraiment l'atmosphère du livre. Le contenu du livre est lui aussi très joli. Il y a énormément de dessins de Tolkien, qu'il réalisait pour ses enfants. Ces dessins sont très fins, très colorés. Je les ai regardés avec énormément de plaisir. Avec ces dessins, nous avons aussi la reproduction des lettres manuscrites de Tolkien. On avait donc parfois la version originale de la lettre d'un côté et de l'autre la traduction sur une mise en page classique. J'ai bien aimé faire les parallèles entre les deux.

L'histoire en elle-même est très jolie quoique très différente de ce à quoi Tolkien nous a habitué avec Le Seigneur des Anneaux et Bilbo le Hobbit. Mais c'est à cela que l'on voit que Tolkien avait énormément d'imagination. Ce qu'il a fait pour ses enfants, je trouve ça magnifique. Ces lettres envoyées de la part du Père Noël, de l'Ours Polaire, des Gobelins... Il y a une réelle continuité entre toutes les lettres. Le Père Noël raconte ses mésaventures et Tolkien arrive à mettre en place un univers réaliste et fantaisiste à la fois. Il a même créé un alphabet Gobelin. Tolkien a donc été jusqu'au bout des choses, il n'écrivait pas ses lettres à moitié.

Le livre contient une trentaine de lettres, je ne sais pas si Pocket les a toutes mises. Mais rien que ce petit échantillon, ça vaut vraiment le détour. Pas besoin d'en dire plus sur ce petit livre mais sachez que c'est un petit bijou. Cela confirme pour moi le talent de Tolkien. 
 Lu et chroniqué en janvier/février 2013

lundi 11 février 2013

Libbra Bay : Belles dans la jungle

CRITIQUE REALISEE DANS LE CADRE DES CHRONIQUEURS GALLIMARD

Belles dans la jungle

Les cinquante candidates du concours Miss Fleur de Beauté pensaient faire un super voyage : défiler sur la plage dans de jolies tenues et rivaliser devant les caméras. Malheureusement, leur avion s'écrase sur une île déserte, les laissant abandonnées avec peu de vivres, et presque pas d'eyeliner.
Ma
is que faire quand on est une Miss ? Continuer de s'entraîner ou se battre contre les serpents ? Parfaire son bronzage ou prendre ses jambes à son cou ? Sans compter l'arrivée de pirates de télé-réalité fort troublants... et de trafiquants d'armes fort redoutables.
Et si fin
alement cette épreuve permettait à ces jeunes filles condamnées à la beauté standardisée de découvrir qui elles sont vraiment ?

MON AVIS :

Tout d'abord, je tiens à remercier comme il se doit les Editions Gallimard Jeunesse pour l'envoi de ce roman. Je les remercie de leur confiance, depuis presque maintenant trois ans.

Ce partenariat avec Gallimard est une déception. Le dernier livre qu'ils m'avaient envoyé BZRK courant septembre il me semble, m'avait aussi beaucoup déçue. Tellement que j'en ai oublié de rédiger la chronique et de vous la poster. Oups. Pourquoi ce roman m'a déçue ? Le fond de l'histoire n'est franchement pas idiot et on décerne bien les critiques de la société sous le ton humoristique. Mais la manière dont c'est présenté et mis en avant, mon dieu j'en ressors consternée. Je n'ai pas du tout adhéré à cet humour alors que je suis quelqu'un de très, très, bon public. Sans vouloir me jeter des fleurs, je vous jure.

Déjà, la couverture immonde. Je suis même heureuse d'avoir les épreuves non corrigées sans la couverture de fond atroce. Pourquoi ajouter une photo réelle à un dessin ? C'est une des pires idées du siècle. Et les couleurs, on en parle ? Du vert et du jaune ça s'accorde bien. Mais pourquoi ce rose là ? Ce rose immonde sur cette pauvre jeune fille qui pose pour la couverture ? J'espère qu'elle a été bien payée. Ahem. Pour moi, la couverture, c'est quelque chose d'essentiel, surtout dans la catégorie jeunesse. Elle est sensée attirer l'œil, vous titiller la curiosité. Personnellement, si j'avais vu ça en librairie, je ne me serai même pas arrêtée dessus. Déjà là, on part sur de mauvaises bases.

Maintenant, parlons de l'histoire et du taux d'incrédibilité qu'elle dégage. Sur une échelle de 0 à 10, on se place à 11. Pendant toute ma lecture je me rabâchais cet argument : « Oui mais c'est un livre jeunesse à lire à partir de 14 ans... ». Mais rien à faire, jeunesse ou pas, il faut un minimum d'intelligence dans un roman. La quatrième de couverture indique que le livre a été écrit par « une auteure de best-sellers aux Etats-Unis ». J'espère que tous ses romans ne sont pas comme celui-là, sinon je crains pour l'avenir de l'humanité (Comme si on n'était déjà pas assez malmenés). Les filles, toutes candidates au titre « Miss Fleur de Beauté », sont victimes d'un accident d'avion. Jusque là, c'est encore possible. Mais les survivantes n'ont pas du tout l'air choqué. Au contraire, elles se mettent à chercher après leurs chaussures favorites perdues dans la mer et quand l'une d'entre elles meurt subitement suite à ses blessures, ça n'a pas l'air de les étonner. Je cite : « Un gargouillis étranglé résonna soudain. –Oh mince ! Miss Delaware vient de mourir, cria l'une des filles. » et hop on passe à autre chose, et par autre chose j'entends à la préparation de l'entraînement, non pas à la survie, mais au concours de beauté, pour quand elles seront sauvées par le gouvernement. Les filles paraissent tellement potiches que ça en est consternant. Mais du jour au lendemain, on ne sait pas trop comment (je soupçonne les piqûres de moustiques), les filles deviennent des pros de la survie. Tellement pros, qu'elles feraient peur au dernier gagnant de Koh Lanta. Crédibilité zéro. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. (Par exemple, le fait que les filles se cantonnent à la plage où elles ont atterri...et du coup ne découvre pas la base gouvernementale juste de l'autre côté. Ou encore la Miss qui se fait avaler tout rond par un serpent mais arrive à ressortir indemne en lui coinçant un tube de crème dépilatoire dans le gosier ? Ou encore... Non j'arrête, sinon je raconte tout le roman.)

Je commençais à me dire que l'histoire manquait sérieusement de testostérones quand on a enfin eu l'apparition de jeunes hommes. Là aussi, apparition absolument pas crédible. Après l'accident d'avion, on a donc droit au bateau qui s'échoue. Cette île, et cette plage, ça doit être un aimant à catastrophes, ce n'est pas possible autrement. Mais bon, là aussi, déception profonde concernant cette gente masculine. Aucune profondeur des personnages, aucun charisme, rien, nada, zéro pointé. Dommage, certains avaient du potentiel.

Le seul côté positif que je retiens du roman c'est le côté leçon de morale. On voit bien que l'auteur critique la société et ses stéréotypes. Elle dénonce (un peu mais pas trop quand même parce que bon, ces personnages vivent des semaines sur une île sans grande nourriture...), la maigreur des mannequins, le côté superficiel de ces concours de Miss. On voit aussi une petite morale au niveau de la relation fille-garçon, le thème de la bague de pureté, le thème des relations sexuelles... Bon c'est très léger et je pense qu'il faut lire surtout entre les lignes mais la tentative est là.

Bref, vous l'aurez compris, je ne ressors pas de cette lecture avec un sentiment de satisfaction. A vous de voir si vous voulez tenter l'aventure mais personnellement, je vous conseillerai de vous rabattre sur autre chose. 


Sortie en librairie : 14 février 2013
Lu et chroniqué en février 2013

lundi 4 février 2013

André Gide : Les faux-monnayeurs



Les Faux Monnayeurs


« Depuis quelques temps, des pièces de fausse monnaie circulent. J'en suis averti. Je n'ai pas encore réussi à découvrir leur provenance. Mais je sais que le jeune Georges – tout naïvement, je veux le croireest un de ceux qui s'en servent et les mettent en circulation. Ils sont quelques-uns, de lge de votre neveu, qui se prêtent à ce honteux trafic. Je ne mets pas en doute qu'on n'abuse de leur innocence et que ces enfants sans discernement ne jouent le rôle de dupes entre les mains de quelques coupables aînés. »

MON AVIS :

Il y a deux ans, je lisais « Thésée » d'André Gide et j'avais beaucoup apprécié. Cette lecture rentrait dans le cadre de mon cours de mythologie et j'avais adhéré à la plume de l'auteur. Cette année, dans le cadre de la préparation du concours CAPES/CAFEP pour être professeure de français, j'ai du lire ce roman de Gide. J'avais pas mal d'appréhensions concernant cette lecture. Mais finalement ...

En ouvrant le livre, je vois que c'est écrit tout petit, que le livre fait environ 400 pages... Je pensais que j'allais mettre très longtemps à lire cet ouvrage, surtout que le thème du livre ne m'intéressait pas plus que ça. Je me suis donc lancée dans cette lecture un peu à reculons. Puis, très rapidement, je me suis plongée dans l'histoire et c'est ma lecture que j'interrompais à reculons.

On ne peut pas réellement dire qu'il y a une réelle intrigue mais pourtant André Gide arrive à vous happer dans son univers, univers qui n'est pas si éloigné du notre car tout se passe dans notre monde, il y a de ça quelques décennies. On découvre ainsi l'histoire d'Olivier, Bernard, Edouard etc. Tous gravitent les uns autour des autres et bien que très nombreux, on arrive assez facilement à déterminer qui est qui par rapport à qui.

Les personnages sont tous assez différents les uns des autres. Il arrive même d'en croiser qui ont réellement existé (Alfred Jarry notamment) et j'aime beaucoup ce mélange de fiction et de réel. Je trouve que ce genre de combinaisons donne une réelle force au roman. Les personnages sont tous un peu représentatifs de Gide ce qui appuie encore cette idée. Tout au long du roman, on suit donc les personnages à travers leur vie à Paris, à Saas-Fée, à l'étranger... On ne s'ennuie pas une seule seconde. La force d'écriture de Gide est telle que vous ne voyez pas les pages défilées.

De plus, j'ai énormément apprécié le fait qu'Edouard, personnage central du roman, soit lui-même en train d'écrire un roman appelé « Les Faux Monnayeurs ». A travers lui, on entend la voix de Gide c'est-à-dire celle de l'écrivain qui s'interroge sur ses personnages, sur son style, sur le rôle de l'écrivain même.

Pour conclure, c'est un classique de la littérature française qui est majestueusement bien écrit et qui fait désormais parti des livres que j'ai le plus apprécié.
Lu et chroniqué en janvier 2013