jeudi 30 octobre 2014

Anne-Laure Bondoux : Tant que nous sommes vivants



CHRONIQUE REALISEE DANS LE CADRE DES CHRONIQUEURS GALLIMARD
Tant que nous sommes vivants

"Nous avions connu des siècles de grandeur, de fortune et de pouvoir. Des temps héroïques où nos usines produisaient à plein régime, et où nos richesses débordaient de nos maisons.
Mais un jour, les vents tournèrent, emportant avec eux nos anciennes gloires. Une époque nouvelle commença. Sans rêve, sans désir.
Nous ne vivions plus qu'à moitié, lorsque Bo entra, un matin d'hiver, dans la salle des machines."

Folle amoureuse de Bo, l'étranger, Hama est contrainte de fuir avec lui. Commence alors pour eux un fabuleux périple à travers des territoires inconnus. Leur amour survivra-t-il à cette épreuve ? Parviendront-ils un jour à trouver leur place dans ce monde ?

MON AVIS :

Pour commencer, encore un très grand merci à Gallimard Jeunesse pour l’envoi de ce livre. Je ne me lasse jamais de ces découvertes (plus ou moins bonnes, soyons honnêtes) et je serai reconnaissante envers cette maison d’édition pendant très longtemps.


Alors que leurs précédents envois m’avaient plu, cette réception s’est soldée par une déception. Dès le départ, je n’ai pas réussi à apprécier les personnages et leur univers. Malgré un style léger, l’auteur n’aura pas su me transporter dans son monde.


Bo et Hama sont les deux personnages principaux dans les trois premiers quarts du roman. Ils sont amoureux l’un de l’autre et leur amour semble plus fort que tout. Du moins, c’est ce que me laissait imaginer le début du roman et le résumé. Je m’attendais à une relation hors du commun, avec des personnages ayant une personnalité forte et vivant un périple fabuleux. Je n’ai rien trouvé de tout cela. Bo et Hama s’aiment, c’est certain mais l’un et l’autre ne m’ont pas charmé. Ils sont ennuyeux et sans saveur. Tsell, leur fille, est un peu plus intéressante mais son développement est trop peu approfondi. Elle est spéciale à cause de ses ombres changeantes. Mais ce n’est jamais développé, de même que les rêves étranges qu’Hama et Tsell font. 


Avec cet univers, je pense qu’il y avait de la matière pour construire quelque chose de merveilleux. Les rêves prémonitoires d’Hama et de Tsell suite à l’ingurgitation d’herbes spécifiques sont intrigants mais rien n’est développé de ce côté. Pourquoi font-elles ces voyages dans l’inconscient ? Pourquoi Tsell voit ses ombres changées ? Qu’est-ce que cela dit sur sa personnalité ? Qu’est ce que cela dit sur le monde dans lequel les personnages vides ? Beaucoup de questions qui restent sans réponse. C’est frustrant pour le lecteur qui ne voit pas sa curiosité satisfaite. Pour moi, un livre doit vous permettre de vous évader et même s’il ne vous fournit pas toutes les réponses, il doit vous en donner suffisamment pour vous permettre d’adhérer à un univers et à ses personnages.


Dans le cadre de cette lecture, les relations amoureuses et familiales m’ont laissé de marbre. L’écriture décrite comme poétique de l’auteur me semblait basique, sans réelle originalité. Ce n’est pas mal écrit mais ce n’est pas poétique non plus, du moins je ne l’ai pas ressenti ainsi. Je m’attendais à être enfouie sous un trop plein d’émotions et au final, seul l’ennui s’est manifesté. J’en suis la première attristée car j’attendais beaucoup de cette découverte. Dommage !

En résumé: 
Pour moi, c'est un non.

samedi 25 octobre 2014

Fred Uhlman : L'ami retrouvé



L’ami retrouvé

Agé de seize ans, Hans Schwarz, fils unique d'un médecin juif, fréquente le lycée de Stuttgart. Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l'arrivée dans sa classe d'un garçon d'une famille protestante d'illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l'amitié, tel que le lui fait concevoir l'exaltation romantique qui est souvent le propre de l'adolescence.
C'est en 1932 qu'a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchés par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart. Les parents de Hans, qui soupçonnent les vexations que subit le jeune homme au lycée, décident de l'envoyer en Amérique, où il fera sa carrière et s'efforcera de rayer de sa vie et d'oublier l'enfer de son passé. Ce passé qui se rappellera un jour à lui de façon tragique.

MON AVIS :

Depuis de nombreuses années, ce livre traîne dans ma PAL. Il avait été proposé en tant que lecture cursive pendant une de mes années de lycée mais j’avais opté pour autre chose (mais étant déjà une bookworm, il avait tout de même atterri dans ma bibliothèque). S’il a fini entre mes mains en septembre, c’est parce que j’ai décidé de le faire étudier à mes élèves de 3ème. J’espère qu’ils apprécieront leur lecture autant que moi.


L’ami retrouvé est une histoire d’amitié qui débute peu avant la Deuxième Guerre Mondiale. Elle unit Hans et Conrad, l’un est juif et l’autre fait partie d’une famille pro-nazisme. Tout de suite, nous comprenons que ce sera source de problème pour les deux amis. Leur amitié est très spéciale. Dans un premier temps, nous sommes même amenés à nous demander si la relation entre eux n’est pas plutôt amoureuse, du moins du côté de Hans. Il parle de son ami avec des termes tellement élogieux qu’il paraît en être amoureux. Bien évidemment ce n’est pas le cas mais nous avons donc la représentation d’une amitié très puissante et très touchante. Hans est désireux d’avoir un ami, de construire une amitié éternelle envers et contre tout. Conrad paraît un peu plus distant mais il a ses raisons : sa famille l’oppresse mais il ne se sent pas assez armé pour s’opposer à eux.


L’auteur travaille son histoire avec une très grande finesse. Tout est dans la juste mesure. Il est vrai qu’il n’y a pas vraiment d’actions mais le rythme du récit se trouve dans les émotions et dans les sentiments. Le roman n’est pas très long et se lit très rapidement grâce à cette finesse d’écriture. On s’attache très rapidement aux deux jeunes hommes puisque Fred Uhlman réussit à nous faire vivre ce qu’ils ressentent. De plus, les émotions sont décuplés – que ce soit chez le lecteur ou chez les personnages – lorsque les deux amis se voient obligés de se séparer. La chute du récit amène ce flot de sentiments au sommet. D’un coup, toute une vérité éclate à nos yeux et le tragique de la situation n’en est que plus affreux.


En résumé : une belle histoire d’amitié qui émeut et témoigne de l’Histoire.


 Le ressenti à la fin de la lecture... :

Si tu veux un happy end, ça dépendra de où tu arrêtes l'histoire.

mardi 21 octobre 2014

Erik L'Homme : Terre Dragon (Tome 1)



CHONIQUE REALISEE DANS LE CADRE DES CHRONIQUEURS GALLIMARD
Terre-Dragon, tome 1 : Le souffle des pierres

Sur un territoire déchiré par les vents vivent d’étranges tribus soumises au règne d'un invisible roi-dragon. Le jour ou Aegir, l'enfant à la peau d'ours, échappe aux guerriers qui le gardent en cage, le destin du royaume bascule. Traqué sans relâche, Aegir croise la route de Sheylis, une apprentie sorcière chassé de son village. Un sortilège puissant va bientôt unir les deux adolescents contre leur volonté.

MON AVIS :

Quand j’ai vu ce livre dans ma boîte aux lettres, j’ai été plus que ravie. Erik L’Homme a marqué ma jeunesse avec sa trilogie « Le livre des étoiles » que j’ai lue plus d’une fois. J’avais vraiment adoré son monde, ses personnages et son histoire. Alors quand j’ai vu que Gallimard m’envoyait le premier tome de sa nouvelle saga, j’ai eu un sourire aussi beau et grand que celui du Chat du Cheshire. 


L’histoire est principalement celle d’Aegir, un jeune garçon d’une douzaine d’années. Alors qu’il est retenu prisonnier, il parvient à s’échapper et il enchaîne les rencontres toutes plus étranges les unes que les autres mais toutes aussi importantes. Le synopsis de la quatrième de couverture, que vous pouvez lire précédemment, annonce une histoire sympathique sans pour autant paraître absolument innovante. Néanmoins, rien qu’avec cette quatrième de couverture, nous retrouvons la plume d’Erik L’Homme. Créer des mondes fantastiques, c’est son truc !


Ma lecture a été relativement rapide. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde mais je n’ai pas non plus été transcendée. Je m’attendais à retrouver la même magie que dans « Le livre des étoiles ». Cette fois-ci, la recette a fonctionné mais ça n’a pas été le coup de cœur attendu. Peut-être parce que j’ai grandi ? 


J’ai apprécié découvrir tous les personnages, principaux comme secondaires. Ils sont très intéressants à suivre par plusieurs aspects. En effet, dans un premier temps, les personnages apparaissent comme originaux. Certes, les héros sont de très jeunes adolescents et cela a déjà été vus de nombreuses fois dans cette branche de la littérature jeunesse. Mais suivre de tels héros est toujours aussi attrayant à mes yeux. J’ai aimé le jeune Aegir, qui semble comprendre assez rapidement comment il doit survivre, j’ai aimé la jeune Sheylis qui est en plein apprentissage de la sorcellerie et j’ai aimé le jeune Doom avec son humour décalé et son talent musical peu développé.


Pourtant, j’ai été assez déçue de l’intrigue. J’ai eu l’impression de lire du réchauffé, du déjà-vu. J’ai très vite compris où l’auteur voulait nous emmener, je n’ai eu aucune surprise pendant ma lecture. Or, je trouve qu’un lecteur surpris est un lecteur conquis. Avec ce taux de suspense peu élever, je n’ai pas été conquise à 100%. La lecture n’a pas été désagréable, loin de là, mais j’aurais aimé être surprise par Erik L’homme, comme il a su si bien le faire dans « Le livre des étoiles ».


En définitive : une bonne petite lecture jeunesse qui ravira les plus jeunes, adeptes de magie et de métamorphose.

Une image pour résumer : 
Pas mauvais !

mercredi 15 octobre 2014

Walter Tillage : Léon



Léon

Léon se souvient d'avoir longtemps fait sept kilomètres à pied pour se rendre à l'école avec ses frères et soeurs. Il se souvient qu'il fallait se cacher au passage du bus scolaire des enfants blancs, car souvent ils descendaient pour les frapper et leur jeter des pierres, avec la bénédiction du conducteur. Il se souvient que son père a travaillé sans relâche sans jamais pouvoir offrir de vêtements neufs à ses enfants. Et qu'il est mort, en pleine rue, renversé par une voiture de jeunes Blancs qui voulaient s'amuser. Leon Walter Tillage est né en 1936, dans le Sud des Etats-Unis. Ce livre est son histoire.

MON AVIS :

Cette lecture m’a été proposée par des collègues. Au premier abord, je n’étais pas emballée : la couverture est trop sobre (comme toutes celles de L’Ecole des Loisirs) et l’histoire ne m’intriguait pas vraiment. Mais le livre n’est pas épais, les caractères sont assez grands et je lui ai donc très vite laissé sa chance. Je ne le regrette nullement !


L’histoire est celle de Léon, jeune garçon noir vivant aux Etats-Unis. Mais ce n’est pas n’importe quelle histoire puisqu’en réalité, l’auteur s’appelle Léon Walter Tillage. Il s’agit donc d’une autobiographie. Ainsi, cela donne encore plus de poids à ce récit. Léon raconte comment il a vécu sa jeunesse en tant qu’américain noir. Il a connu le racisme et toute la violence qui en découlait. Mais il s’est aussi battu pour pouvoir avoir les mêmes droits que les blancs. Son récit sert de témoignage et aide à ne pas oublier ces horreurs perpétrées à tous ces êtres humains. 


Le récit est poignant et horrifiant à la fois par les faits racontés mais aussi le style employé. Ce dernier est très particulier. En effet, Walter Tillage n’a pas écrit son livre mais il l’a raconté. Susan L. Both a rencontré Léon Walter Tillage par le biais de l’école de sa fille et elle a donc décidé de coucher par écrit le récit de Léon. Ce dernier lui a donc tout raconté et avec lui, elle a tout retranscrit en essayant de modifier le moins de choses possibles. Grâce à cette méthode, le récit est d’autant plus réaliste. Nous avons vraiment l’impression d’être en face de Léon et de l’entendre nous raconter son histoire.


J’ai été assez touchée par cette histoire. Le racisme est quelque chose que je ne supporte pas. Alors, en lisant les phrases de Léon, je ne pouvais être qu’horrifiée : les toilettes pour les blancs et pour les noirs séparés, l’eau de la fontaine, les blancs qui ne sont pas poursuivis pour violence envers des personnes noires… Désolant, répugnant, horrifiant. Bien heureusement les temps ont changé. Le racisme est toujours présent (et je pense qu’il le sera toujours) mais la situation c’est largement améliorée.


En résumé, cette histoire participe au devoir de mémoire. C’est un très beau témoignage qui se lit très vite mais qui ne laisse personne indifférent. Le public auquel ce roman est destiné peut apprendre beaucoup de choses de cette autobiographie. Une très bonne découverte.



Petit Gif tiré du film "The Help"(adaptation du roman éponyme), traitant du même sujet que "Léon"... Merveilleux film d'ailleurs.


Personne ne m'a jamais demandé ce que c'était que d'être moi...

dimanche 12 octobre 2014

Delphine de Vigan : No et moi ♥ ♥ ♥



No et moi

Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies.
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde. A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle.
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence. No, privée d’amour, rebelle, sauvage.
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.

MON AVIS :

Il y a quelques temps, de très nombreux avis ont fleuri sur la blogosphère à propos de ce roman. A l’époque, je n’étais pas plus intriguée que cela. Puis, cette année, j’ai envisagé de l’étudier en classe de 3ème. Pour cela, je devais le lire et ce fut vite fait ! J’ai énormément aimé cette lecture (mais je ne l’ai pas retenue pour mes cours de 3ème…)


L’histoire est celle de Lou et de No. Lou est une jeune fille surdouée : elle a deux ans d’avance et ne se sent pas à l’aise dans sa classe au lycée. Par un concours de circonstances, elle rencontre No, une jeune fille à peine plus âgée qu’elle. No est SDF mais les deux jeunes filles vont finir par nouer une belle amitié. A ce duo, s’ajoute le personnage de Lucas. Ce garçon est dans la classe de Lou, il n’est pas spécialement bon à l’école et pourtant il va se rapprocher de la jeune fille.


J’ai beaucoup aimé comment Delphine de Vigan a fait évoluer son histoire. Tout se passe en douceur, tout est limpide. Nous avons réellement l’impression de suivre les deux jeunes filles dans l’évolution de leur amitié. Pas à pas, elles apprennent à s’apprivoiser et à se connaître. Le lecteur suit chacun de ces pas, prudemment, comme s’il faisait lui aussi partie intégrante de ce duo. Au fur et à mesure des pages, on découvre la vie de No avec Lou, on découvre la vie de Lucas et on découvre les relations qui se tissent entre chacun de ces personnages. J’ai eu un léger coup de cœur pour le personnage de Lucas. Sa situation et son caractère m’ont très vite intrigué. Même si le roman est centré sur No et Lou, Lucas est un personnage qui attire l’attention.


Mais peu importe quel personnage vous marque dans ce livre. Le plus important ici est que les personnages sont vrais. Ils prennent vie grâce aux mots de Delphine de Vigan. Ils sont développés d’une telle façon que nous avons l’impression de les connaître réellement. Alors qu’ils sont tous différents, qu’ils vivent tous des choses différentes, ils sont liés par des sentiments amicaux forts. Ils se soutiennent les uns les autres et malgré la noirceur de l’histoire, nous ressortons de cette lecture avec un peu d’optimisme. Dans un monde où il est parfois difficile de vivre, il arrive que nous rencontrions des personnes pour nous épauler, au moins un temps. 


Ce livre se lit très rapidement car il est addictif. Nous voulons savoir comment les relations vont évoluer, nous voulons savoir comment tout cela va se terminer. Ce roman que je juge très réaliste n’apporte pas un happy-end ni une solution miracle. Mais il montre qu’aider l’autre, même un peu, n’est pas inutile. Ce roman est un coup de cœur !