vendredi 14 août 2015

Annie Ernaux : La Place





La Place


Annie Ernaux fait le portrait de son père et partant celui du monde rural de ses origines avec lesquels, au fur et à mesure où elle accède à un univers plus petit bourgeois (le récit commence par le souvenir de son épreuve du Capes), elle prend insensiblement ses distances. Un récit distancié, sans affect ni jugement, qui témoigne admirablement de ses rapports ambivalents avec son père, à la fois fier de la réussite de sa fille et méfiant à l'égard de ce monde qu'il ne comprend pas. Pourtant, en dépit de ce parti pris stylistique, l'émotion se trouve à chaque page, l'intime est dit avec une très grande pudeur.

MON AVIS : 

Cette lecture, je l’ai réalisée dans un but bien précis. Ce roman, on peut le faire étudier à une classe de troisième. Etant professeur à ce niveau, je me suis intéressée au roman d’Annie Ernaux. Cependant, même si je n’ai pas détesté (ni adoré), je ne le ferai pas étudier cette année. J’ai apprécié mais plusieurs petites choses m’ont gênée.

Ce roman autobiographique raconte les souvenirs d’Annie Ernaux de son père et de cette relation qui les unissait. Son père est central, tout comme la figure maternelle est centrale dans le roman d’Albert Cohen Le Livre de ma mère. Ce petit détail me fait sourire car d’un côté nous avons un fils qui raconte sa mère et de l’autre, une fille qui raconte son père. Néanmoins, tous les deux ont vécu des choses différentes et nous ne lisons pas du tout la même histoire. Alors qu’Albert Cohen fait une véritable déclaration à sa mère, Annie Ernaux est plus impersonnelle.

En effet, Annie Ernaux nous raconte son enfance et cette figure paternelle dure mais qui l’a toujours soutenue. Elle nous explique toutes ces petites choses si importantes pour lui. Pourtant, j’ai eu l’impression que c’était assez négatif. Il était primordial pour lui de faire attention au coût de chaque chose (ce qui est compréhensible, on y fait tous attention !) mais surtout il faut prêter attention au regard des autres et ne jamais montrer notre infériorité. Cette question d’infériorité m’a beaucoup dérangé : se rabaisser sans cesse n’aide personne. 

En parallèle, on comprend tout de même que le père veut ce qu’il y a de mieux pour sa fille : même s’il ne comprend pas son attrait pour les études, il la pousse à toujours aller plus loin. Même s’il est gêné qu’elle ne travaille pas à l’usine ou ailleurs, il est conscient que ses études la rendront supérieure. Pour un homme qui souffre d’un complexe d’infériorité, rien ne pouvait être plus beau. Il insiste sur l’importance du langage, de l’instruction. Et en ce point, il en est touchant.

Néanmoins, j’ai trouvé que le style était assez impersonnel. Je n’ai trouvé aucune réelle émotion à travers les mots d’Annie Ernaux. Tout nous est raconté sans fard mais une dose de sensibilité aurait été la bienvenue. Durant la première moitié du roman, j’ai eu du mal à me faire à cette façon d’écrire. De plus, certaines tournures de phrases étaient courtes et, selon moi, écrites de façon alambiquée. Ça n’est pas gênant pour la compréhension mais ça m’a déconcertée. 

En quelques mots : une lecture agréable et rapide mais qui ne peut pas plaire à tout le monde. J’en ressors mitigée !


4 commentaires:

  1. Il est dans ma Wish-List depuis un moment, mais j'avoue que je n'ai jamais eu le courage de le lire... Un jour peut-être ;) !

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  2. Malgré ton avis mitigé, j'aimerais beaucoup découvrir cette auteure :)

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  3. J'ai découvert cette auteure il y a quelques années, et j'en ai eu le même sentiment que toi. Assez impersonnelle, malgré l'aspect autobiographique de ses écrits.

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  4. Je suis tellement d'accord avec ton avis ! Je ne l'ai jamais lu entièrement mais j'ai tellement lu d'extraits tout au long de ma vie d'étudiante que je connais presque par coeur le tout et son style est tellement ennuyeux ! A la rigueur sa vie ça peut être intéressant (j'aime bien les autobiographies grâce à celle de Rousseau qui fut un coup de coeur quand je l'ai étudié !) mais son style ça casse toute envie de vraiment s'y plonger ! Ce livre n'arrivera jamais chez moi, non non je suis vaccinée ! ^^"

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