Aragon : Les Voyageurs de l'impériale

Les voyageurs de l'impériale

De l'Exposition Universelle de 1889 à la guerre de 1914, ce roman fait la chronique d'un quart de siècle de la vie des Français, autour de Pierre Mercadier, professeur d'histoire, qui quittera sa femme et ses enfants pour mener une vie lointaine. Il reparaîtra à la veille de 14, pour mourir à demi-paralysé. Son fils Pascal, portera les armes pendant 4 ans et 3 mois, croyant par cela faire que son propre enfant n'y soit jamais soumis.

MON AVIS :

 
Louis Aragon est un auteur, mais surtout un poète, que je voulais découvrir depuis quelques temps. Etant en deuxième année de Lettres Modernes, j'en ai eu enfin l'occasion lorsque ce roman se retrouva au programme.

Ce roman est un énorme pavé de 745 pages et je vous le dis tout de suite, il faut s'accrocher pour aller au bout. Pas parce que l'histoire est ennuyeuse, ni parce que l'auteur a un style difficile. C'est juste que les aventures des personnages sont longues à lire. On a beau être un grand lecteur, en une heure on lit rarement plus de 30 pages par heure. Je ne sais pas comment ça se fait car malgré tout, on ne peut pas s'empêcher d'aimer ce qu'on lit.

L'écriture de Louis Aragon est très poétique. Mais attention, poétique ne veut pas dire impossible à comprendre, bien au contraire. Bien que l'on doive prendre son temps, tout ce qu'écrit Aragon vous arrive directement en tête. Les descriptions (qui ne sont pas à rallonge) sont tellement bien faites que vous vous recréez à la perfection l'image des lieux et personnages que l'auteur vous offre sur un plateau. Vous évoluez avec eux comme si vous étiez une sorte de fantôme absolument invisible des protagonistes. Un vrai film est projeté dans votre tête. Et je dois dire que c'est vraiment agréable. Néanmoins, l'écriture d'Aragon a une vraie spécificité. Le narrateur de l'histoire est omniscient mais parfois, sa parole se confond avec celle des personnages. On ne sait plus qui parle car la ponctuation du dialogue est absente. Expliquer ainsi cela peut faire peur mais je vous assure que ça ne gêne pas la lecture tellement c'est bien présenté.

L'histoire en elle-même est aussi très intéressante. Lorsque l'on étudie l'œuvre ou même en lisant la courte préface écrite par Aragon, on devine des éléments autobiographiques. Et on découvre l'histoire sous un angle un peu différent. Pierre Mercadier est un homme qui rebute. On a du mal à le cerner. A la fin de l'œuvre, il nous fait pitié. Personnellement, ce fut mon cas. J'ai beaucoup plus apprécié suivre les aventures de son fils Pascal bien qu'il disparaisse pendant une bonne partie du roman. Après, il y a une multitude de personnages donc au début on se perd un peu mais leur récurrence aide rapidement à mieux les situer. De plus, ceux apparaissant dans la première partie du roman (du moins, les personnages secondaires) ne sont pas repris par la suite. Ainsi, on voit bien qu'Aragon nous décrit la vie : les gens vont et viennent dans votre vie, ils entrent et sortent et parfois réapparaissent lorsqu'on s'y attend le moins.

En résumé, même si j'ai mis du temps à lire cette œuvre, j'y ai pris énormément de plaisir. Il ne faut pas être découragé par le nombre de pages. C'est un classique qu'on ne regrette pas d'avoir lu.

Lu et chroniqué en mars 2012