samedi 30 mai 2015

Melinda Salisbury : L'Héritière





CRITIQUE REALISEE DANS LE CADRE DES CHRONIQUEURS GALLIMARD

L’Héritière

À la cour du royaume de Lormere, Twylla, dix-sept ans, est promise au prince héritier, selon la volonté des dieux. Elle possède un don, le pouvoir de tuer tous ceux qu’elle touche : elle est l’arme parfaite ! La cruelle reine qui l’a adoptée la contraint à exécuter les traîtres. Jusqu’au jour où Lief, nouveau garde charmant et rebelle, fait vaciller la jeune fille dans sa foi et sa soumission…
MON AVIS :

Un grand merci à Gallimard Jeunesse pour cette très bonne découverte ! Dès réception, la couverture me faisait grandement envie.


L’Héritière est le premier tome d’une trilogie qui s’annonce très bien ! Très rapidement, nous rentrons dans un univers particulier où se mêle la fantasy et le médiéval. Nous suivons le parcours de Twylla, jeune fille tenant un rôle titre à la cour du royaume de Lormere. Elle est la Daunen incarnée et toute personne n’étant pas de sang royal ne peut la toucher : sa peau est empoisonnée. Lief, un garde, va tout remettre en question.


J’ai beaucoup aimé lire ce roman, je dirais même que je l’ai dévoré. Il m’aura fallu deux jours pour arriver au bout, c’est quand même rapide et ça ne m’arrive que très rarement. Néanmoins, je vais commencer par le négatif (pour mieux terminer sur le positif !).


Dès le début, j’ai décelé un véritable potentiel dans l’univers et les royaumes présentés. Pourtant, j’ai trouvé qu’ils étaient occultés par la romance. Ne vous méprenez pas, j’ai beaucoup aimé cette romance. Elle est légère, jolie, correctement amenée. Mais nous avons, encore une fois, un triangle amoureux. S’il vous plaît, chers auteurs, arrêtez avec les triangles amoureux : c’est vu et revu, il est temps d’innover. Il est certes différent de ce qu’on a l’habitude de voir dans la young adult mais ça m’a agacé. Ensuite, même si j’aime cette romance, j’ai trouvé qu’elle prenait trop de place. J’aurais aimé que l’univers créé par l’auteur et l’intrigue expliquée soit plus centrale. Dans ce que j’ai lu, j’ai eu l’impression que c’était l’intrigue et l’univers qui gravitaient autour de cette histoire d’amour entre Lief et Twylla. C’est dommage car il y a tellement de matières à explorer…


Mélinda Salisbury crée un univers complet avec un royaume et ses légendes, son gouvernement, sa hiérarchie… Au sein même de ce royaume, de nombreux personnages gravitent : la reine, le roi, Merek, Dorin, Lief et Twylla, pour les principaux. La reine est machiavélique : on le ressent, on en est témoin mais il aurait encore plus sympathique de la voir plus précisément à l’œuvre. Merek et Dorin sont sous exploités selon moi. Et avec ces personnages sous exploités, c’est toute l’histoire qui en pâtit. Pourtant, j’ai adoré découvrir les différentes parties du château, découvrir plus intensément les coutumes de ce royaume, les différentes croyances avec les dieux et diverses cérémonies… 


J’ai apprécié l’écriture de l’auteur et la manière dont elle se sert de son métier d’écrivain pour mettre au jour des questions universelles. A travers ce roman, elle pose la question des religions et des croyances, du pouvoir que les gens instruits et puissants ont sur les plus « pauvres » et les plus démunis. Sommes nous manipulés ? Sommes nous vraiment protégés par nos croyances ?


En résumé, l’auteur réussit à rendre la romance et la fantasy de son univers utile et distrayant. Ce n’est pas un roman qui pousse à la réflexion profonde mais il a le mérite de nous interroger un instant. Nous nous évadons facilement au royaume de Lormere aux côtés de Twylla et en refermant ce tome, on aimerait avoir le second à portée de main.

On approuve cette lecture !

mercredi 27 mai 2015

E. Lockhart : Nous les menteurs



Nous les menteurs :

Une famille belle et distinguée. Une île privée.
Une fille brillante, blessée ; un garçon passionné, engagé.
Un groupe de quatre adolescents - les Menteurs - dont l'amitié sera destructrice.
Une révolution. Un accident. Un secret.
Mensonges sur mensonges.
Le grand amour. La vérité.

MON AVIS :

Un grand merci à Gallimard Jeunesse pour ce partenariat. J’ai beaucoup apprécié le package, c’était différent de la simple enveloppe : le livre était dans une boîte en carton, imprimée à l’effigie du roman. A l’intérieur, nous trouvions le livre (sans blague ?), accompagné de la lettre habituelle de l’auteur et de plusieurs petits papiers. Sur ces derniers, nous trouvions des phrases du même genre que celles que l’on peut trouver au dos des romans ou sur les affiches publicitaires pour vanter le roman. Ces phrases sont celles de John Green, de Maureen Johnson, de blogueurs ou de journalistes. J’ai trouvé ce concept sympathique et moins impersonnel.

Sur la toile, le roman connaît un certain succès. J’ai aperçu des avis très positifs vantant l’histoire comme prenante, originale et avec une fin qui vous laisse sans voix. Face à ces retours, je me suis moi-même fait un avis, avant même de le commencer. Je déteste être dans cette situation car généralement mes attentes sont déçues. Ce fut en partie le cas avec ce roman.

Dans un premier temps, j’ai été intriguée par cette famille qui semblait tout avoir pour être heureuse. Elle cachait bien des choses mais tout n’était pas dit clairement, comme souvent avec les lourds secrets de famille. Nous découvrons cette famille à travers la narration de Cadence, une jeune adolescente. La narration à la première personne est trop souvent utilisée (et parfois à tort et à travers) mais pour ce roman elle est justifiée. Cadence est centrale dans cette famille, même si elle se sent seule et rejetée, hormis par ses cousins et amis. Elle a eu un grave accident et a perdu la mémoire. Ses cousins et amis, les menteurs, ne lui donnent plus de nouvelles et ne répondent pas à ses emails. Puis, une fois de nouveau réunis, rien ne semble avoir changé…malgré quelques réflexions étranges.

Dans un deuxième temps, même si la narration à la première personne est justifiée, j’ai eu du mal à apprécier Cadence et les autres personnages. En tant que lectrice, je trouve primordial d’apprécier les personnages. Dans le cas présent, j’ai trouvé la famille Sinclair très spéciale, très froide. Les secrets les rongent, Cadence est détruite par ces comportements et sa mémoire n’arrange pas les choses. Les menteurs n’ont pas été assez développés à mon goût… mais le dénouement du roman permet d’expliquer cela, selon moi.

Cette fin, que l’on m’a présenté comme époustouflante et à couper le souffle, ne m’a pas transcendée. Au fur et à mesure de ma lecture, quelques hypothèses se sont présentées à moi. Je me suis convaincu que ce n’était pas possible car c’était trop évident. Finalement, même si je n’avais pas toutes les clés, je n’étais pas loin de toute la vérité. C’est donc décevant d’un certain côté. De l’autre, j’ai apprécié la façon dont la révélation était amenée. Même si le lecteur n’est pas amené à  pleurer, la fin n’en reste pas moins poignante.

En résumé : une lecture rapide, prenante mais qui aurait pu être plus criante d’authenticité et plus émouvante.

Je suis désolé professeur. Mais je ne dois pas dire de mensonges. 
 Gif approprié non ?

vendredi 22 mai 2015

Carrie Hope Fletcher : All I Know Now





















All I Know Now :

We all know that growing up is hard to do, and sometimes the only thing that makes it better are the reassuring words of someone who has walked that bumpy road just a few steps ahead of you and somehow ended up as a fully-functioning adult. Carrie Hope Fletcher is that person.* Thanks to her phenomenally popular YouTube videos, Carrie has become an 'honorary big sister' to hundreds of thousands of young people who turn to her for advice, friendship and, most of all, the knowledge that things will get better. Carrie has created a safe and positive space for young people to connect and share their hopes and concerns online, and now she will share her most personal thoughts and experiences in her first book, ALL I KNOW NOW. Part memoir, part advice guide, it will include Carrie's thoughts on some of the topics she's asked about most regularly: bullying, body image, relationships and perhaps the scariest question of all: what does the future hold for me? With warmth, wit and a sprinkling of hard-won wisdom, Carrie will provide the essential tools for growing up gracefully ...most of the time. *Although she did recently post a video about how to pee in a onesie. So the definition of 'adult' is a bit flexible here ...

Traduction française de la quatrième de couverture (personnelle) :

Nous savons tous que grandir est difficile, et que parfois, la seule chose rendant cette étape plus aisée sont les mots rassurants d'une personne ayant déjà marché sur cette route chaotique peu de temps avant vous et qui, d'une manière ou d'une autre, est devenue un adulte normal. Carrie Hope Fletcher est cette personne.
Grâce à ses vidéos Youtube populaires, Carrie est devenue, à titre honorifique, "la grande soeur" de centaines de jeunes qui se tournent vers elle pour des conseils, pour son amitié et surtout, pour réaliser que leur vie s'améliorera. Carrie a créé un espace sûr et positif pour ses jeunes où ils peuvent se rapprocher et partager leurs espoirs et inquiétudes en ligne. Dorénavant, elle partagera ses pensées et expériences les plus personnelles dans son premier livre "All I Know Now". D'une part autobiographie, d'autre part guide, ce livre inclura les pensées et avis de Carrie à propos des sujets sur lesquels elle est le plus interrogée : le harcèlement, l'image corporelle, les relations avec autrui et, probablement, la question la plus terrifiante: que me réserve l'avenir ? Avec chaleur, avec esprit et avec une légère dose de sagesse durement gagnée, Carrie fournit des outils essentiels pour grandir avec grâce... la plupart du temps. (Cependant, elle a récemment posté une vidéo sur comment faire pipi dans un onesie [grenouillère pour adulte]. De ce fait, la définition d'un "adulte" n'est pas complètement figée...)

MON AVIS :

Carrie Hope Fletcher est une jeune femme accomplie. A seulement 22 ans (et me dire qu’on a le même âge m’impressionne), Carrie est Youtubeuse (plus de 500,000 abonnés) et chanteuse puisqu’elle interprète, depuis deux ans et encore pour une année, Eponine Thénardier dans la comédie musicale Les Misérables, à Londres.


Comme de nombreux Youtubeurs dernièrement, Carrie a sorti son livre. Ici, il ne s’agit pas d’un roman mais de conseils destinés aux jeunes adolescents sur divers points : comment gérer le harcèlement à l’école, comment gérer l’amitié, ne pas avoir peur de s’exprimer et de poser des questions, s’excuser, réfléchir avant de parler, les rêves qui changent en grandissant, internet etc. Il est difficile de tout citer car elle aborde énormément de sujets.


Néanmoins, elle a une façon de les aborder bien à elle. Ce roman est né d’un blog qu’elle a créé il y a quelques années et au fur et à mesure que son audience augmentait, elle recevait de plus en plus de demandes de conseils. Il a donc été tout naturel pour elle d’en écrire un livre. Pour évoquer tous ces thèmes, Carrie dit clairement à plusieurs reprises qu’elle n’est pas professionnelle et qu’elle se base uniquement sur son expérience personnelle. Son désir est simple : partager ce qu’elle a vécu pour aider tous ces jeunes qui la suivent et l’écoutent afin qu’ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls et qu’il est possible de s’en sortir.


Tout au long de ma lecture, j’ai eu envie d’annoter le texte. Je ne voulais pas y ajouter des modifications mais je voulais y noter mes réactions, les petites phrases ou remarques qui me venaient en tête par endroit, le sourire qu’une situation ou une remarque provoquait en moi. De plus en plus, je ressens ce besoin d’écrire dans mes livres et je regrette de ne pas avoir sauter le pas avec ce roman. Je l’ai majoritairement lu dans les transports en commun donc je me réfugie derrière cette excuse : je ne pouvais pas écrire dans le métro, ça n’aurait pas été bien écrit ! Néanmoins, je le relirai bien calmement, en l’annotant.


Ce livre ressemble parfaitement à Carrie grâce à son style d’écriture enjoué, ses expériences professionnelles, ses petites doses d’humour, le questionnaire auquel ont du répondre son frère Tom Fletcher (McFly, McBusted), son amie et collègue Celinde Schoenmaker (Fantine dans Les Misérables à Londres) et son ami Pete Bucknall. Mais ce que j’ai vraiment apprécié c’est le découpage du livre ! Il y a un prologue, une ouverture, des actes à la place des chapitres, un entracte, un final et les remerciements sont appelés « Le baisser de rideau ». J’aime beaucoup ce clin d’œil majeur à sa carrière de comédienne/chanteuse. De plus, il y a une partie « Props » c'est-à-dire « accessoires ». A cet endroit, nous y retrouvons toutes sortes d’adresses, de sites, de numéros de téléphone pour les jeunes qui ressentiraient le besoin de parler : alcool, drogue, harcèlement etc. Il s’agit notamment d’adresses anglaises, irlandaises, néozélandaises et australiennes. Si un jour une version française voit le jour, je suppose que ce sera adapté à notre pays.


Au final, c’est un livre qui peut-être lu par des adolescents (majoritairement les filles, comme le dit Carrie, puisqu’elle adopte un point de vue féminin) et je pense honnêtement qu’il peut en aider certains. Pour les jeunes adultes, âgés d’une vingtaine d’années, ce livre se lit aussi très bien puisqu’il permet de comprendre quelques situations vécues, de faire le point sur nos souvenirs et de réfléchir à tout cela. 

"Je suis addict à l'achat de livres." (On s'y retrouve tous non ?)
 



Update ! Le livre est désormais disponible en France, chez  Albin Michel Jeunesse.  En librairie le 1er octobre 2015 :D
Un site a même été créé pour l'occasion : http://carrie-hope-fletcher.fr/ N'hésitez pas à y faire un tour, il est très bien fait :)
 

vendredi 15 mai 2015

Ray Bradbury : Fahrenheit 451





Fahrenheit 451 :

451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s'enflamme et se consume.
Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif. Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d'un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l'imaginaire au profit d'un bonheur immédiatement consommable.
Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.

MON AVIS :

Depuis très longtemps, je désirais lire ce roman, considéré comme un classique. Etre professeur a cet avantage : nous découvrons sans cesse des œuvres et nous avons l’occasion de lire celles qui nous font envie depuis longtemps ! 

J’ai lu Fahrenheit 451 avec pour idée de le donner à ma classe de troisième. Malgré mon ressenti négatif, ils l’ont eu à lire. Ça a été sans appel : ils n’ont pas aimé et pour les mêmes raisons que moi. 

Tout d’abord, je m’attendais à un roman avec un peu plus d’actions. De plus, il plaît à de nombreuses personnes… Faisant confiance aux blogueurs, à mes amis et à mes collègues, je me suis lancée mais ma curiosité n’a pas été rassasiée. En effet, dès les premières pages, je n’ai pas été séduite par le style de l’auteur ni l’ambiance. 

Alors que le roman parle de livres et de leur importance dans la société, tout était réuni pour que j’apprécie. Par moments, certains passages évoquaient ces magnifiques objets et leur contenu d’une jolie manière mais je ne pourrais vous en dire plus. Sur le moment, ils m’ont plu mais ils ne se sont pas imprimés dans mon esprit (j’aurais pu les noter ou faire un repérage…mais non).  

Ce roman est une grande réflexion sur la culture, sur l’importance que prend le digital (les maisons sont faites avec des murs en écran de télévision) et sur les conséquences de l’interdiction des livres. La population ne réfléchit plus, elle ne fait que suivre bêtement son quotidien. La guerre a lieu mais ils n’en savent pas plus et ça ne les intéresse pas.  La société les empêche de réfléchir, les empêche d’avoir de réelles conversations. Ce manque de conversations se ressent : il y a très peu de dialogues. Je ne suis pas contre les livres sans grand dialogue mais dans ce cas, ça m’a manqué. Les moments que j’ai réellement appréciés sont les rencontres avec Clarissa. Elle ose parler de ce qui pose problème dans cette société fermée, elle ouvre les yeux à Montag. Pourtant, ça ne suffit pas à rendre le récit captivant.

En réalité, mon intérêt jouait aux montagnes russes. Je ne profitai pas pleinement de chaque passage. Certaines scènes sont dérangeantes (la femme assassinée pour ces livres par exemple) mais d’autres laissent de marbre (la fuite de Montag). De plus, alors que je m’attendais à une fin surprenante, je l’ai trouvée plate : « tout ça pour ça ? »

Comme pour The Great Gatsby lu l’année dernière, je suis assez déçue mais j’ai pourtant la sensation d’être passée à côté de quelque chose. Je suis persuadée que ma chronique n’est pas justifiée et que le roman vaut plus que cela. C’est assez frustrant !