lundi 26 janvier 2015

JD Salinger : L'attrape-coeurs



L’attrape-cœurs

Le roman, écrit à la première personne, relate la période où Holden Caulfield, expulsé du collège Pencey Preparatory trois jours avant les vacances de Noël, retourne à la maison familiale, à New-York. Il déambulera en ville avant de devoir annoncer la nouvelle à ses parents.
Âgé de dix-sept ans, Holden est plein d’incertitudes et d’anxiété, à la recherche de lui-même. Il vit son passage à l'âge adulte et comprend qu'il perd l'innocence de l'enfance. L'une des plus belles images de l'auteur pour exprimer ce passage est lorsque Holden demande au chauffeur de taxi où vont les canards lorsque l'étang gèle. Salinger dans ce roman décrit avec ironie et justesse la société américaine des années 1950.

MON AVIS :

En 2010, nous apprenions la mort de JD Salinger. Suite à cette nouvelle, mes parents m'ont offert son roman le plus célèbre L'Attrape-cœurs que j'ai très vite lu et que je n'ai pas apprécié. Pourtant, comme pour ma lecture de The Great Gatsby de F. S. Fitzgerald, j'avais la ferme impression d'être passée à côté de quelque chose. Cette année, j'ai enfin eu l'occasion de le relire et cette seconde expérience a été complètement différente de la première.

Ce roman nous est raconté par Holden Caulfield, jeune homme d'une quinzaine d'années qui vient d'être renvoyé de son école à New York. Il sait pertinemment que ce énième renvoi rendra ses parents en colère. De ce fait, il ne rentre pas de suite chez lui et erre pendant trois jours dans New York.

À travers cette errance, nous apprenons à connaître Holden Caulfield. Holden gravite autour de nombreux personnages, plus ou moins attachants. Toutes les rencontres qu’il fait permettent à Holden de se construire : son colocataire, sa sœur, ses amis et professeurs… Les diverses aventures qu'il vit dans cette grande ville sont étonnantes, sordides, joyeuses et tristes. Il n'est pas toujours évident pour le lecteur de comprendre Holden... En effet, tous ces qualificatifs utilisés pour caractériser les situations qu'il traverse sont très différents les uns des autres. Les transitions entre chaque situation sont souvent brusques et inattendues. Ainsi, le lecteur se retrouve pris dans la même spirale dramatique qu'Holden. Il est parfois difficile de le suivre et de le comprendre. Ce personnage est complexe et constamment dans l'exagération. Ce caractère difficile, cette façon de grossir et d'envenimer les choses l'amènent à vivre des situations hors du commun qui le laissent perplexe. Il est constamment en train de se poser des questions et de se remettre en question.  Cela fait de lui un personnage intrigant et attachant malgré tout. Au fur et à mesure de la lecture, on essaie de le comprendre grâce aux pans de sa vie qu'il nous dévoile. 

De plus, la narration à la première personne nous permet d'être réellement plongés dans les pensées d'Holden. Nous sommes aux premières loges pour suivre ses raisonnements, ses réflexions... Et nous sommes parfois surpris par les questions existentielles qu'il se pose. Par exemple, il se demande ce que deviennent les canards de Central Park l'hiver alors que le lac est complètement gelé. Cette question peu orthodoxe l'interpelle à plusieurs reprises et je dois dire qu'il a réussi à m'intriguer aussi ! (Si quelqu'un a la réponse, je suis preneuse. Parce que cette question n'est pas si idiote que cela, non ?) De plus, ce type de narration permet à l'auteur d'adopter un style très oral et naturel. Ce style m'avait énormément déplu lors de ma première lecture, il y a quatre ans. Pourtant, aujourd’hui, j’ai adoré cette écriture. Elle est décalée mais elle correspond à ce jeune de seize ans qui ne sait pas trop où il en est ni ce qu’il va devenir.

En résumé, j’ai beaucoup aimé cette relecture. Suivre Holden n’a pas toujours été évident mais il n’en est pas moins attachant et intéressant à suivre. 

Un classique américain qui se doit d’être dans vos bibliothèques !
Même Obama le dit.
 
C'est la loi !

 

lundi 19 janvier 2015

Aya Cissoko et Marie Desplechin : Danbé




Danbé

« J’aimerais que celle ou celui qui lira ce petit livre mesure ce qu’il a de déchirant. Il est mon au revoir à ceux que je laisse sur le quai. (…) Il est mon au revoir à mon enfance de petite fille noire en collants verts, qui dévale en criant les jardins de Ménilmontant. »

Quand Marie Desplechin rencontre Aya Cissoko, elle est touchée par la singularité de son histoire. Née de parents maliens, Aya a connu une petite enfance habitée de souvenirs délicieux, qui prend fin avec la disparition de son père et de sa petite sœur dans un incendie. Élevée par sa mère dans le respect du danbé, la dignité en malinké, Aya apprend à surmonter les épreuves et trouve dans la boxe un refuge.

MON AVIS :

La découverte de ce livre s’est faite au détour d’une discussion avec une collègue. Je cherchais des titres d’autobiographies et celui-ci est venu à moi. De plus, j’ai été interpellée par le nom de Marie Desplechin que j’ai découverte au détour d’un service presse avec Gallimard Jeunesse, soit dans un style totalement différent. Ce livre a été coécrit avec Aya Cissoko et c’est son histoire qu’on découvre dans ces pages.


L’histoire d’Aya Cissoko est touchante et intéressante. Sa vie n’a pas toujours été évidente mais elle a pu prendre une belle revanche. Le livre reprend toute la vie d’Aya, depuis son enfance à Paris jusqu’à sa vie adulte et son parcours de boxeuse professionnelle. 


J’ai été touchée par le style vrai et naturel du livre. En effet, l’écriture est limpide. Je lisais ce texte avec une facilité déconcertante. Mais attention ! Facilité ne signifie pas simplicité. Je me suis rendue compte que ce texte était empreint d’une certaine oralité. Aya Cissoko raconte, Marie Desplechin écrit, le tout sans aucun artifice. Cela donne un effet de fluidité, j’ai été portée par ce récit. Aya nous décrit sa vie mais tout en nous la faisant vivre : une réelle prouesse.


Rien n’est laissé au hasard. Aya nous dévoile ses émotions les plus profondes, l’amour qu’elle porte à son père et à sa famille, l’incendie de leur immeuble, ses difficultés à l’école, sa découverte du ring… Tout cela rend ce récit touchant. Nous sommes plongés dans les pensées et les émotions d’Aya. La façon dont elle raconte son histoire nous transporte dans ce Paris des banlieues et dans ces combats de boxe. 


Aya Cissoko se raconte et montre que sa vie est un éternel combat. Alors même qu’elle semble s’en sortir avec la boxe, sa vie bascule à nouveau. On pourrait beaucoup apprendre à la lecture de cette autobiographie : la vie est un combat de tous les jours, pour certains plus dur que pour d’autres.


Enfin, le mercredi 14 janvier, je suis allée au théâtre à Tourcoing. Ce roman d’Aya Cissoko, aussi incroyable que ça puisse paraître, a été mis en scène d’une façon très originale. En réservant ma place, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Ma surprise en a été que plus grande. En effet, en arrivant dans la salle, je constate qu’il s’agit d’une simple pièce, rectangulaire. Tout autour, une trentaine de chaises, au centre une cinquantaine de coussins. Sur chaque chaise et chaque coussin, se trouvait un casque audio. A une extrémité de la pièce : un micro. Sur les deux autres côtés, d’autres micros, des écrans (type les écrans pour vidéoprojecteurs) et quelques instruments de musique. Avec mon amie, nous nous sommes installées sur les coussins et mis les casques. Le spectacle n’en était pas vraiment un… Toutes les personnes sur les coussins se sont allongées lorsque le noir s’est fait. Deux musiciens et une conteuse sont arrivés discrètement et ça a commencé… Une musique et quelques bruitages très doux se sont fait entendre, les écrans ont pris des couleurs douces (bleu, orange…) et la conteuse a commencé à réciter le roman. Oui, oui, réciter. Mais c’était loin d’être monotone ! C’était comme du théâtre, c’était un véritable monologue : vivant, poignant, touchant. Avec cette ambiance intimiste et cette voix, je n’ai pas vu l’heure et demie passer. Ce fut une très bonne expérience !


En résumé : un livre touchant et poignant. Une mise en scène originale et brillante!


mardi 13 janvier 2015

Brigitte Peskine : Moi, Delphine, 13 ans.



Moi, Delphine, 13 ans :

Pas facile, la vie, pour Delphine. Elle vient d'être placée dans un village d'enfants par décision de justice. Tout est lourd à supporter : le souvenir des coups et de l'alcoolisme de ses parents ; l'incompréhension des élèves au collège, la cohabitation avec ses frères et sœur qu'ell
connaît peu ou mal... Pour ne pas plonger dans le désespoir, Delphine écrit. Ses lettres à Audrey sont comme des bouteilles à la mer. Grâce à elles, et à sa nouvelle vie, Delphine refait surface..

MON AVIS : 

Dès la lecture du résumé de ce roman épistolaire jeunesse, j’ai été intriguée par cette histoire. En effet, ce dernier fait référence à un village d’enfants. C’est un endroit où vivent des enfants dont la situation nécessite un placement hors de leur famille. C’est un concept que je ne connaissais pas ! Cette lecture m’a permis d’en savoir un peu plus sur le système qui s’occupe de placer des enfants dans une famille d’accueil.

Ce roman met en scène Delphine et son amie Audrey. Delphine a été placée dans un village d’enfants avec sa sœur Elodie. Leur « mère » d’accueil se prénomme Charlotte et s’occupe d’eux avec deux autres enfants. Les personnages sont nombreux malgré le petit nombre de pages. Tous les présenter n’aurait aucun intérêt et cela serait trop fastidieux. Néanmoins, ce grand nombre de personnages n’est pas du tout gênant à la lecture. En effet, il est très facile de se repérer.

Delphine écrit des lettres à Audrey, une jeune fille de son âge avec qui elle était au collège avant de devoir être placée à Dammarie. Ses lettres permettent à Delphine de raconter ce qu’elle vit au quotidien. Ce qu’elle raconte est très touchant et parfois révoltant. Bien évidemment, nous voyons son histoire à travers ses yeux d’adolescente. Il serait facile de penser qu’elle réagit trop violemment mais je pense que dans sa situation, il s’agit d’une réaction normale. De plus, malgré son jeune âge, la jeune fille fait parfois preuve d’une grande maturité et d’une grande clarté d’esprit.

Brigitte Peskine a su se mettre dans la peau de cette adolescente avec une grande facilité. A travers ce roman, elle nous éclaire sur la situation de ces jeunes. Son personnage Delphine vient d’une famille cassée et séparée, avec un père et une mère alcooliques. Elle y explique aussi les difficultés que ces fratries, séparées depuis longues années et que l’on réunit, ont parfois des difficultés à se reconstruire.

La fin du livre présente un petit rebondissement et on peut espérer que le personnage de Delphine y trouve une nouvelle force pour avancer. Cette fin est positive et optimiste, ce qui est très important pour un livre destiné à la jeunesse.

En somme, ce livre se lit très rapidement. Il met en avant des situations familiales que tout le monde connaît, de près ou de loin et qui nous touchent forcément. C’est une bonne lecture pour des jeunes adolescents ! 


samedi 3 janvier 2015

Roald Dahl : Moi, Boy.




 
Moi, Boy.

Que se passe-t-il quand on attrape une ratite ? Et quand on simule une crise d'appendicite ? Avez-vous jamais fumé du tabac de chèvre ? Vous a-t-on déjà affublé d'un costume de pompes funèbres pour vous rendre à l'école ? Neuf, dix, onze ans...
les années passent : voici venu le temps de se demander ce que l'on fera après le collège ! Lorsque Roald Dahl, l'un des plus grands auteurs contemporains se souvient de ses années d'enfance, on découvre avec bonheur un jeune garçon qui ressemble étonnamment aux héros de ses livres.

MON AVIS :

Depuis que je suis toute petite, la plume et les histoires de Roald Dahl me font voyager. Petite, je voulais m’identifier à Matilda car elle dévorait les livres. Puis, j’enviais Charlie qui avait la chance de goûter à ce merveilleux chocolat de Willy Wonka qui me faisait saliver. Même maintenant, à l’âge adulte, ces récits me font encore rêver. Mais à cela s’ajoute dorénavant de l’intérêt pour cet auteur. Qui est ce Roald Dahl qui écrit avec brio ? Alors, j’ai découvert « Moi, Boy », ce récit où il raconte son enfance mais qu’il ne considère pas comme une autobiographie.

Dans de très nombreuses chroniques, je me penche sur le style des auteurs. Pourtant, la plupart du temps, il s’agit de traductions. Généralement elles sont excellentes mais il est connu qu’en traduisant une langue, le texte perd un peu de son charme et de son style. C’est pourquoi j’ai décidé de lire « Moi, boy » en version originale : « Boy, tales of childhood ». Avec la VO, j’étais sûre de goûter pour de vrai à l’écriture de Roald Dahl. Le titre VO évoque les « tales of childhood » c'est-à-dire « les contes de l’enfance ». La notion de conte est importante d’autant plus que Roald Dahl ne considère pas cette œuvre comme une autobiographie même s’il assure que tout ce qu’il y écrit est vrai. Ainsi, il redéfinit presque la notion d’autobiographie. Il raconte ce qu’il a vécu mais il montre que certaines choses peuvent être fausses ou modifiées parce que la mémoire n’est pas infaillible et parce qu’en étant enfant, on voit les choses différemment que les adultes.

J’ai énormément apprécié toutes les histoires qu’il nous raconte dans ce livre. On en apprend beaucoup sur lui et ce n’est jamais écrit à la légère. On sent que Roald Dahl a voulu écrire ses souvenirs de manière à captiver le lecteur. Il refuse de l’ennuyer. Alors même que certains souvenirs peuvent paraître redondants au lecteur, Roald Dahl en profite pour se justifier. Et ça fonctionne !

Nous découvrons avec plaisir ses origines norvégiennes. Il nous donne même envie d’y aller, de naviguer parmi les fjords et de faire de grandes balades dans cette nature sauvage. L’île sur laquelle il allait tous les étés semble paradisiaque (bien que très isolée !). Puis nous découvrons avec intérêt ces aventures en pensionnat. Les écoles anglaises pour les garçons paraissent effroyables ! Leurs méthodes seraient sévèrement réprouvées de nos jours. Pourtant, il arrive à rendre cela vraiment passionnant. De plus, certaines des anecdotes qu'il nous raconte sont à l'origine de ses romans les plus connus. Quand on aime le travail de l'auteur, cela rend cette autobiographie encore plus intéressante.

Je pense que je pourrai écrire une vraie dissertation sur le style et l’écriture de Roald Dahl. Son style est joyeux, enfantin et adulte à la fois, prenant et envoûtant. J’imagine les mots de Roald Dahl sautiller avec allégresse pour se retrouver sur les pages de son roman…

En résumé, cette lecture fut excellente. Je ne me suis pas ennuyée et j’ai adoré en apprendre plus sur un de mes auteurs favoris !


C'est un peu comme ça que j'imagine Roald Dahl enfant. Et c'est un peu ma réaction pendant la lecture.