Alphonse
Au départ Alphonse n'était pas Alphonse : il s'appelle Mohamed et a onze
ans. Mais lorsqu'il arrive pour des vacances dans sa famille du Nord le
1er août 1964, il découvre une tribu inattendue : Tante Jeanne, Oncle
Salah, Louise et une ribambelle de cousins, tous chrétiens. Et puisque
c'est la Saint-Alphonse, Alphonse il devient, par décret de Louise la
gniace. Brève sera la vie d'Alphonse, le petit Parisien, qui disparaîtra
le 11 août, le jour de l'anniversaire et du départ de Mohamed. Quarante
ans plus tard, Mohamed donne rendez-vous à sa cousine Louise au
'Terminus Nord' et se remémore les événements cocasses et douloureux de
ce drôle d'été.
MON AVIS :
Ce roman, que j’ai découvert en faisant
mes recherches pour mes cours, m’a tout de suite attirée. J’ai trouvé le titre
peu orthodoxe : « Alphonse » n’est pas un prénom très moderne
mais il garde un charme certain. Après avoir été interpellée par ce titre, je me
suis attardée sur la première de couverture que je trouve très jolie. Elle est
sobre et ancienne. Cette vieille photographie de famille a autant de charme que
le prénom du petit garçon que propose le titre. De plus, lorsqu’on s’attarde
sur la quatrième de couverture, on réalise que cette couverture est parlante et
correspond parfaitement à l’histoire du livre. En effet, ce roman c’est Mohamed
qui le narre. Il raconte comment il a vécu, 40 ans auparavant, une semaine dans
sa famille à côté de Lens, dans le Nord. Il s’appelle Mohamed mais cette
famille décide de l’appeler Alphonse, parce que « ça fait mieux » et
parce qu’il est arrivé le jour de la Saint Alphonse.
Cette histoire m’a beaucoup
touché. J’ai trouvé qu’elle était pleine de simplicité et de sincérité. En effet,
l’histoire d’Alphonse est des plus communes. Akli Tadjer prête sa plume à ce
monsieur et à cet enfant pour nous raconter cette petite parenthèse dans la vie
de son protagoniste.
Mohamed a donné rendez-vous à sa
cousine Juliette, à la Gare. En attendant celle-ci, il se remémore ce qu’il s’est
passé 40 ans auparavant. Ainsi, Mohamed nous raconte comment il a été accueilli
dans cette famille nordiste et comment ils l’ont rebaptisé à cause de son nom. En
effet, ces gens ne voulaient pas qu’il garde son prénom d’origine arabe car
cela ne plairait pas aux voisins et aux gens du quartier. On fait face ici aux
préjugés que l’on peut avoir face à quelqu’un qui nous paraît différent. Pourtant
Mohamed habite Paris, il est juste venu dans le Nord en vacances. Mais ces
origines lui sont coûteuses.
Nous verrons aussi par son
personnage qu’il est difficile de se faire une place au sein d’un groupe et d’une
famille soudés. Mohamed ne se fera pas vraiment d’amis. Sous le nom d’Alphonse,
il rencontre Théo qui le soutiendra tout au long de son séjour. Théo est un
personnage vrai et agréable. C’est un jeune garçon qui prend Alphonse/Mohamed
sous sa protection. Il rencontrera aussi
Annabelle, une jeune fille qu’il trouvera très sympathique. Quant à sa cousine,
Juliette, elle ne se fera jamais à la compagnie d’Alphonse/Mohamed. Elle m’a
paru très fermée d’esprit et rebelle pour son jeune âge. C’est d’ailleurs elle,
et non ses parents, qui insiste pour que Mohamed change de nom. Face à ce genre
de comportements, j’ai trouvé les adultes de la famille trop laxiste. Pour moi,
ce n’est pas un exemple ni un modèle à suivre.
Pourtant, le tout est raconté
sans réelle amertume, du moins ce n'est pas avec ce sentiment que Mohamed choisit de raconter son enfance. On imagine que Mohamed est habitué avec le temps à toutes
ses brimades et ses conflits à cause de ses origines. Bien évidemment, c’est
douloureux mais il essaie de ne pas leur en tenir rigueur. S’il tient à revoir
sa cousine, c’est parce qu’il éprouve un certain remords vis-à-vis de Théo et
du secret qu’il gardait. Mais rien ne se passe comme prévu…
La fin est émouvante. Non seulement
la fin du séjour de Mohamed/Alphonse laisse le lecteur pantois et ému mais les
deux derniers paragraphes renverse encore la situation. Pour ma part, je me
suis retrouvé dans un ascenseur émotionnel. Cette conclusion est belle et
tragique à la fois. Elle fait réfléchir sur l’enfance et sur l’impact que nos
actes peuvent avoir sur nos vies d’adultes.
En bref : une histoire
simple mais dure, écrite avec une réelle finesse.
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