jeudi 20 juin 2013

Michel Houellebecq : La carte et le territoire

La carte et le territoire

Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l'histoire, il commencerait peut-être par vous parler d'une panne de chauffe-eau, un certain 15 décembre.
Ou de so
n père, architecte connu et engagé, avec qui il passe seul de nombreux réveillons de Noël. Il évoquerait certainement Olga, une très jolie Russe rencontrée au début de sa carrière, lors d'une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin. C'était avant que le succès mondial n'arrive avec la série des « métiers », ces portraits de personnalités de tous milieux (dont l'écrivain Michel Houellebecq), saisis dans l'exercice de leur profession.
Il devrait dire aussi comment il aida l
e commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle, dont la terrifiante mise en scène marqua durablement les équipes de police. Sur la fin de sa vie il accèdera à une certaine sérénité, et n'émettra plus que des murmures. L'art, l'argent, l'amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne.

MON AVIS :


La lecture des œuvres contemporaines n'a jamais vraiment été une de mes priorités. Je n'arrivais pas spécialement à être attirée par ces lectures. Tous ces prix Goncourt me laissaient de marbre, même si je ne doutais pas de la qualité littéraire des œuvres primées et de celles en lice. Durant ma troisième année de licence de Lettres Modernes, j'ai été amenée à croiser ces œuvres et finalement ma curiosité a été piquée.

Michel Houellebecq est un auteur français connu et reconnu. Pendant mon année de Terminale, j'avais essayé de lire son roman « Plateforme ». Peine perdue, j'ai assez vite abandonné. J'ai acheté le roman « La carte et le territoire » car il avait été évoqué durant l'un de mes cours et suite à mon expérience peu concluante avec Houellebecq, j'avais quelques appréhensions au moment de débuter ma lecture.

Le début du livre est très particulier... On commence la lecture avec une description de Jeff Koons et Damien Hirst. Et ce chapitre, assez court, se termine par l'évocation de Jed (personnage central) qui se fige suite au bruit qu'émet son chauffe-eau. Et on embraye sur son problème de chauffe-eau. Cette entrée en matière est très particulière et laisse le lecteur dans une sorte de flou. Où veut nous emmener Michel Houellebecq ? Petit à petit, on apprend à faire connaissance avec Jed, avec son métier, ses proches (ou pas), son caractère.

Michel Houellebecq ne cesse de nous déstabiliser au cours de notre lecture. On évolue avec Jed et soudain, ce dernier rencontre et finit par travailler avec... Michel Houellebecq. L'auteur s'est donc mis en scène dans son propre roman ! Ce n'est pas du tout courant et j'ai vraiment apprécié ce clin d'œil qu'il se fait à lui-même (bien qu'il n'ait pas l'air de se présenter sous son meilleur jour). Par la suite, on constate que Jed Martin est comme le double de Michel Houellebecq-personnage. Le roman nous propose donc trois Michel Houellebecq pour le prix d'un. J'ai aussi adoré croiser des noms de personnes connus dans notre société (Beigbeder, Jen-Pierre Pernaut...). Ce procédé me séduit toujours, qu'importe le style de livres. J'aime retrouver des références à des choses connues, qui rappellent notre monde et qui donnent ainsi l'impression que ce qu'on lit n'est pas une fiction mais une réalité. Mais le plus spectaculaire là dedans, c'est comment Michel Houellebecq-auteur fait disparaître le Michel Houellebecq-personnage. On pourrait presque dire que c'est culotté. A la place de l'auteur, j'aurais peur qu'un déséquilibré cherche à me faire disparaître de la même manière.

Globalement, l'intrigue reste plate. Il n'y a pas de très grands rebondissements, on est très loin des romans d'actions ou d'aventures. Pourtant, on se laisse porter et on suit la vie de Jed Martin. On suit l'évolution de son travail d'artiste, on suit sa relation avec son père qui connaît une fin dérangeante (selon moi), on suit ses relations humaines et on le suit jusque dans sa solitude. A travers tout cela, on décèle une image assez sombre de la société.

Le style de Houellebecq est tout aussi particulier mais pour ma part, je l'ai savouré. Je n'ai eu aucun mal à rentrer dans le roman. Les phrases s'enchaînent avec une réelle simplicité, je n'ai eu aucun mal à suivre l'auteur malgré toutes les digressions qu'il peut faire dès qu'il en a l'occasion. Il nous donne parfois des détails parfaitement inutiles mais pour ma part, ils ont fait mon bonheur. Ces détails rajoutaient au côté un peu décalé de l'œuvre et collaient parfaitement avec la personnalité de Houellebecq. En plus de cela, on remarque la maîtrise totale de la langue française. On sent que Michel Houellebecq a travaillé ses phrases que ce soit au niveau grammatical ou lexical. En parlant de vocabulaire, je crois que je n'ai jamais autant lu le mot « dithyrambique » en si peu de temps. Il ne doit être que trois ou quatre fois au total dans l'œuvre mais comme ce n'est pas un mot que l'on croise tous les jours, ça m'a marqué.

En définitive, je ressors de cette lecture absolument conquise. Pour un premier prix Goncourt lu, je ne suis pas déçue. J'ai d'ailleurs très envie de lire d'autres œuvres de Michel Houellebecq mais aussi de lire d'autres prix Goncourt ainsi que d'autres auteurs francophones contemporains. 
 
Lu et chroniqué en juin 2013

7 commentaires:

  1. J'aime lire des auteurs contemporains, cela me permet de découvrir pourquoi leurs livres ont été primés. Oui, oui je suis très curieuse. Mais celui-là ne me tente pas, l'histoire ne me fait pas du tout envie.

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  2. Pas vraiment un livre que je lirais, mais j'aime bien ton avis, il me laisserait pratiquement tenter

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  3. Je ne connaissais pas mais il a l'air super !!!!

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  4. C'est effectivement un auteur qui me fait toujours un peu peur. Et pourtant j'avais aimé La possibilité d'une île. Ta chronique me donne envie de tenter celui-ci.

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  5. o-read-or-dead-o23 juin 2013 à 09:29

    Ce n'est mon genre de lecture

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  6. Coucou ! :)
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